La condamnation à mort d'Ashraf Fayadh (à l'image) est due à une plainte provenant d'un groupe culturel de discussions et repose sur un seul témoignage de l'un des participants. [Capture d'écran Twitter / @Mompontet].


Une cour saoudienne a ordonné l'exécution du poète Ashraf Fayadh. Incarcéré depuis janvier 2014, ce poète est accusé de "propagande athéiste et blasphème", la cour estimant qu'il avait renoncé à l'islam. 

Condamné jeudi, ces deux mobiles sont considérés comme des crimes en Arabie Saoudite. Samedi, une pétition pour le sauver a été mise en ligne sur change.org. Adressée au président américain Barack Obama, les signataires espèrent pouvoir faire pression sur le gouvernement saoudien.

Comme l’indique le quotidien britannique The Guardian, Ashraf Fayadh a désormais un mois pour faire appel. "J'ai été très choqué mais c'était attendu. Je n'ai cependant rien fait pour mériter la mort", a-t-il expliqué au journal.

Décrit comme un artiste reconnu, Ashraf Fayadh, d’origine palestinienne, est âgé de 35 ans. Il a participé à de nombreuses manifestations artistiques notamment à Jeddah et à la Biennale de Venise où il représentait l'Arabie Saoudite.
Un seul témoignage

Sa condamnation à mort est due à une plainte provenant d'un groupe culturel de discussions auquel il participait mais elle repose, surtout, sur un seul et unique témoignage. L’un des participants affirme en effet avoir entendu Ashraf Fayadh tenir des propos contre Dieu dans un café ce que le poète dément et assure être un musulman pratiquant. Un autre homme, un religieux, l'accuse lui de "blasphème" dans un recueil de poèmes qu’Ashraf Fayadh a écrit il y a 10 ans.

Lors d’un premier jugement en mai 2014, Ashraf Fayadh avait été condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet, le poète avait démenti que son ouvrage soit "blasphématoire", mais s'était quand même excusé. En vain, le jugement ayant été révisé à l’occasion d'un second procès le condamnant cette fois à la mort.

Sa carte d'identité confisquée, Ashraf Fayadh n'a pas pu bénéficier de l'aide d'un avocat pour assurer sa défense. Sa condamnation à mort vient après de nombreux problèmes rencontrés par le poète avec la police religieuse qui, selon ses amis, l'avait déjà poursuivi pour avoir fumé et pour avoir arboré des cheveux longs. 

Le sort funeste d'Asharf Fayadh n'est pas sans rappeler celui de deux autres poètes, iraniens cette fois, qui fin octobre avaient été condamnés à 99 coups de fouet chacun pour avoir donné une poignée de main à une femme. On se souvient également de la condamnation à 1000 coups de fouet du blogueur saoudien Raef Badawi ou encore de la condamnation à mort d'Ali Nimr, un jeune homme de 21 ans accusé d'avoir participé à des manifestations inspirées du Printemps arabe alors qu'il était mineur