mars 09, 2016

La presse marocaine a-t-elle fait le bon choix de boycotter la lutte légitime du mouvement culturel Amazigh?

  • La défense des droits linguistiques et économiques : il reste le mouvement leader dans son 
  • domaine. Les autres mouvements de lutte, dont meme les non-démocratiques, n’ont pas pu le concurrencier dans ce domaine, malgré plusieurs tentatives faites surtout par la mouvance islamiste en créant des associations amazighes pour la défense des droits des palestiniens. Il gagne chaque année plus de terrain, en effet les associations culturelles amazighes poussent comme des champignons même dans des endroits les plus éloignés. S’il ne faut donner qu’un seul exemple, il sera la célébration du nouvel an amazigh 2966 qui a fait une tache d’huile cette année, en cassant par conséquent un siècle de barrières idéologiques.

  • La défense des droits sociaux économiques : c’est un nouveau terrain que le mouvement culturel amazigh a conquis ces dernières années. Et malgré son entrée tardive dans ce secteur, Il a pu avoir une place importante aux yeux des populations marginalisées. En effet, il a fait un choix stratégique de prendre la défense principalement du Maroc profond sur le plan économique et social. Il a été le seul à prendre en charge la défense du dossier épineux des expropriations des terres, dont même celles expropriées par la France coloniale. Aux yeux des marginalisés, il a été le seule à se mettre l’avocat des populations victimes des inondations de l’année dernière au Sud et au Sud-est. Il a même organisé plusieurs manifestations de soutien. Sans bien sûr ne pas oublier qu’il est le seul qui soutient et qui continu de soutenir les populations d’Imider dans leur conflit avec le Holding ONA, après l’indifférence des syndicats, des partis politiques et du gouvernement.

  • La présence sur les medias sociaux : le mouvement amazigh est devenu le moteur principal de ces medias. Il y a presque chaque mois une boule de neige relative à la question Amazighe dans ces medias. A ne citer que les affaires suivantes comme exemple :
  • le parlementaire du PJD Mr Al Moqri Al Idrissi qui s’est moqué des Amazigh en Arabie Saoudite ;
  • le parlementaire du PJD qui s’est opposé à l’utilisation de Tamazighte au parlement sous prétexte d’attendre la loi organique de Tamazighte ;
  • le chef de gouvernement lui-même sur « les Chleuhs, combien leur faut pour vivre »,
  • le cheikh Mustapha Benhamza Président du Conseil supérieur des oulémas d’Oujda,
  • l’interdiction des prénoms Amazighs,
  • la présence significative du mouvement amazigh aux manifestations de Paris contre le terrorisme,
  • les résolutions de l’ONU faites à Genève et relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;
  • les manifestations dans plusieurs villes du royaume pour le soutien des Amazighs de Mzab/Algérie victimes des Dayech d’Algérie et du pouvoir ;
  • l’assassinat de l’étudiant et militant du mouvement Amazigh Omar Khaleq dit IZEM
  •  au sein de l’université de Marrakech et les funérailles populaires du défunt dans son village natale à Ikniwen,
  • la célébration spectaculaire et revendicative du 40eme jour du décès d’IZEM
  • ….. etc.
Mais la presse marocaine et principalement écrite, voit tout cela, d’un autre œil ! Celui de « j’ai rien vu et j’ai rien entendu ». Elle a choisi -toutes tendances confondues- de ne pas parler de l’assassinat, non plus des funérailles malgré la sensible politique de l’affaire et sa liaison avec l’intégrité territoriale du pays que cette presse a toujours défendue jusqu’ici. A tel point que même le chef du Polisario, et pour la première fois de sa vie, a fait un discours spécial pour cette question amazighe ! 
Quant à la presse marocaine, elle n’a ni vu ni entendu des 20.000 personnes (hommes, femmes, enfants, étudiants) qui ont fait le voyage de toutes les villes et les universités pour célébrer le 40eme jour de l’assassinat dans un endroit le plus éloigné possible et le plus marginalisé ! Sans bien sûr les centaines de manifestations locales à travers le Maroc. La seule exception timide qu’il faut reconnaitre à l’occasion est de deux journaux Akhbar Al yawm et Akher Saaa (voir photo) qui ont écrit de petites colonnes et à l’intérieur du journal.
les deux uniques couvertures des journaux Akhbar Al yawm et Akher Saaa
Même la presse Kurde a parlé de ces évènements dans ses colonnes, certaines organisations ont même envoyé des militants Kurdes jusqu’au petit village d’Ikniwen niché dans cette montagne de Saghro qui garde encore dans sa mémoire des milliers de morts dans la bataille de résistance de Bougafer.
Pendant tout ce temps-là, la presse marocaine a d’autres préoccupations qui sont plus importantes à ses yeux. Et à la une de ses éditions, et juste après le rituel des évènements au moyen orient et de Palestine en particulier, on lit des titres comme :
 
  • Le décès de la journaliste Malika Malak des suites d'une longue maladie ;
  • Les problèmes de gestion à l’Orphelinat d’Aïn Chock, Les équipementiers auto au Maroc,
  • Les rencontres : « Comment équilibrer vie professionnelle et vie privée ? »,
  • La superstar de la pop mondiale, la chanteuse américaine Christina Aguilera qui se produira pour la première fois au Maroc sur la scène de Rabat en clôture de la 15ème édition du Festival Mawazine le mois de mai prochain.   …. Etc.
Un exemple de couverture du journal Al Massae, lorsqu'il a incriminée le mouvement culturel Amazigh à l'université de Marrakech comme étant l’instigateur des courts populaires anarchiques
C’est sûr que la position de la presse marocaine ne va pas freiner l’évolution de ce mouvement culturel et démocratique, car lui-même est né dans l’interdiction et il a grandi et évolué dans le boycotte de la presse officielle et non officielle. Pour lui le boycotte de la presse n’est rien devant tous les obstacles qu’il put surpasser. A ne citer que le fait que la première revendication de la révolte populaire le 20 Février 2011 était la première revendication du mouvement culturel amazigh, et le fait que sur le plan culturel national les écrivains les plus lus au Maroc sont ceux qui sont nés dans le mouvement culturel Amazigh. 

Mais comment la presse va-t-elle se justifier un jour, lorsqu’elle va changer d’avis et de position ? Dès maintenant il faut réfléchir à la réponse, car elle a choisi de nager à contrecourant de l’histoire d’un peuple qui a des racines plus profondes dans l’histoire.


Auteur: Moha Bouwawal 

Aucun commentaire: