septembre 24, 2015

FIGUIG ville et la palmeraie

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Oasis de Figuig                                                       


Figuig est une oasis située dans la pointe sud orientale du Maroc à environ 400 km au Sud de la Méditerranée et à 7 km de la ville algérienne de Beni Ounif. Elle est entourée des trois côtés par l'Algérie; mais la frontière entre les deux pays est aujourd'hui fermée, ce qui a engendré l'isolement et l'enclavement de la ville, qui a connu un mouvement migratoire intense, qui s'explique par la réduction brutale de ses ressources économiues. Cela, a suscité en partie une dégradation importante de son patrimoine, d'où l'urgence de son classement.

La société oasienne de Figuig a élaboré au fil du temps une architecture de terre spécifique traduisant matériellement les structures de son organisation et les pratiques sociales, culturelles et cultuelles, qui constituent un patrimoine immatériel d'une grande importance. Ainsi, Figuig est une oasis qui a conservé de son histoire des vestiges exceptionnels qui représentent aujourd'hui, des richesses patrimoniales matérielles ; architecturales et archéologiques importantes : grandes murailles, remparts, tours de guets, mosquées, mausolées, canaux d'irrigations... sans oublier les gravures rupestres citées précédemment. Mais ce patrimoine est également agro-environnemental, en témoignent les sources d'eau, qui sont à l'origine de l'établissement des ksour, des jardins étagés associés à la palmeraie et de son système d'irrigation. 
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L'oasis de Figuig se présente comme un ensemble cohérent, matériel et culturel, où existe une complémentarité entre l'architecture et l'organisation spatiale des ksour, la palmeraie et son système d'irrigation et toutes les pratiques sociales et culturelles. Cette configuration est accentuée par sa situation d'enclavement, générée par la fermeture de la frontière algérienne.

Ainsi les éléments à protéger se présentent comme suit :
Des édifices monumentaux ponctuels : les édifices remarquables tels que les mosquées, les cimetières, la synagogue, l'église Saint Anne, les marabouts, les portes, et les places.
L'architecture des ksour et son organisation urbaine : Constructions éphémères, vue qu'elles sont en perpétuelle reconstruction, mais qui représentent la trace et l'empreinte physique de l'organisation sociale et des pratiques culturelles. Ainsi, on ne peut concevoir la préservation de la forme architecturale et de l'organisation urbaine, sans la préservation des pratiques sociales.
La palmeraie en jardin étagé, avec une diversité de cultures et de variétés de palmiers, et son système d'irrigation : foggaras, bassins, échangeurs et canaux avec leurs savoir-faire et pratiques sociales constituent un ensemble étroitement imbriqué de patrimoine matériel et immatériel à préserver dans leur cohérence. La persistance de ce système constitue un atout important, compte-tenu des modifications importantes qu'ont connu la plupart des oasis localisées dans le Maghreb, qui ont abandonné leur système d'irrigation traditionnel pour opter pour un pompage direct dans les nappes, qui s'avère non durable (épuisement de la ressource). Dans ce mouvement de ‘modernisation', les jardins étagés ont été transformés en des plantations monovariétales de palmier, ce qui a eu pour conséquence la disparition d'un paysage culturel et de sa biodiversité domestique associée.



Justification de la Valeur Universelle Exceptionelle

Figuig est un patrimoine historique, architectural et archéologique à forte valeur culturelle. Héritage d'une longue tradition urbanistique et architecturale avec les matériaux et techniques locaux tels que la brique de terre séchée, le bois de palmier et la chaux, elle est aussi la synthèse des apports culturels d'origines diverses. Ainsi, l'ensemble constitué par les ksour, les jardins étagés de palmeraie avec leur système d'irrigation, les pratiques sociales et culturelles particulières, illustre un mode d'implantation saharien qui présente, dans l'oasis de Figuig, un caractère spécifique tant par l'unité de sa structure que par la rigueur de son organisation. Les sept ksour de l'oasis et leurs sites antérieurs forment, malgré leur dispersion spatiale, un ensemble homogène. Ils sont la marque, aux portes du désert, d'une civilisation sédentaire urbaine et l'expression d'une culture originale qui a su, grâce à sa situation
géographique éloignée des grands centres urbains modernes, préserver sa cohésion. Tout au long des siècles passés, la population de l'oasis de Figuig a créé, avec des matériaux locaux, une architecture et un urbanisme vernaculaires parfaitement adaptés aux besoins de l'écosystème oasien. D'une part, par la simplicité et la pureté de ses formes, ce type d'architecture a revêtu une qualité de modèle formel pour l'architecture moderne. D'autre
part, par ses principes simples d'adaptation au milieu géographique, cette architecture et cet urbanisme constituent une valeur d'exemple pour la recherche et l'enseignement des sciences de la ville contemporaine, selon les principes de développement durable. Il en est de même pour ce qui est du système des jardins étagés et irrigués (palmeraie), qui constitue un thesaurus exceptionnel de savoir faire, de l'ingéniosité et de l'adaptation d'une société locale à un milieu contraignant. A l'heure d'un retour critique sur les projets de modernisation agricole, qui ont montré leurs limites sociales et environnementales dans les autres palmeraies du Maghreb, la sauvegarde de ce patrimoine de jardins et d'irrigation par canaux représente un enjeu important, car les pratiques traditionnelles qui lui sont associées peuvent être une nouvelle source d'inspiration pour repenser un développement durable des systèmes oasiens. Cela dit, cet « exemple éminent d'établissement humain » connait d'innombrables problèmes: 
dans le domaine de l'urbanisme et de l'habitat, le style urbain moderne progresse. Les tissus anciens se dégradent, les Ksour se dévalorisent et les anciennes constructions en terre sont de moins en moins renouvelées et entretenues. La palmeraie est en partie abandonnée, faute de main d'œuvre. 

Pour ces raisons, il semble de plus en plus important, pour la sauvegarde de ce témoignage qu'une reconnaissance internationale lui soit accordée, car il est représentatif de la culture des populations berbères sahariennes dont il constitue le cadre. Il offre, un exemple d'ensemble architectural couplant bâti et jardins étagés, caractéristique de la période de développement du commerce caravanier présaharien et trans-saharien.

• Critère (iii) : « apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue. » Le patrimoine tangible et immatériel de Figuig apporte un grand témoignage de la civilisation sédentaire urbaine des populations Amazighes Sahariennes, caractérisée par des pratiques sociales et cultuelles génératrices d'un mode d'établissement humain, représentant un patrimoine architectural, archéologique, paysager et historique d'une grande importance.

• Critère (iv) : « offrir un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des période(s) significatives(s) de l'histoire humaine ». En effet, Figuig représente un exemple éminent d'organisation spatiale, architecturale et urbanistique en ksour, associés à un paysage de palmeraie en jardins étagés. Ceux-ci illustrent un modèle d'implantation de la période de développement du commerce caravanier présaharien et transsaharien, particulier par ses pratiques sociales et cultuelles. 

• Critère (v) : « être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une culture (ou de cultures), ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand celui-ci est devenu Vulnérable sous l'impact d'une mutation irréversible. » 
Le paysage culturel de Figuig est une représentation exceptionnelle de l'interaction de l'homme et de la nature dans un environnement désertique, basée sur un système social traditionnel complexe. Ce paysage se traduit par une organisation spatiale structurée en ksour, une architecture de terre particulière et une architecture monumentale par le système d'irrigation adopté pour la palmeraie et les jardins étagés qui lui sont associés. Le micro-climat de la palmeraie, grâce à l'ombrage des palmiers et des autres arbres fruitiers, à l'ombre portée des murs ceignant les jardins, et à la fraicheur apportée par les bassins, constitue un exemple d'interaction positive entre l'homme et l'environnement, dans un contexte marqué par des tendances telles que la désertification et le changement climatique.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Les différentes missions d'expertises, les recherches ainsi que les constats faits par les institutions scientifiques et organisations qui travaillent sur ce sujet depuis plusieurs années, telles que l'université de Paris 7, l'école d'architecture de Paris Val de Seine, ainsi que l'ONG Africa'70, démontrent, que ce patrimoine répond bien aux critères selon lesquels l'inscription est proposée. En effet, Figuig a su garder son intégrité globalement à travers les années malgré les différents facteurs qui l'affectent et les mutations qui la rendent de plus en plus vulnérable. C'est une oasis qui a su préserver son originalité architecturale, le paysage de la palmeraie, ses pratiques culturelles, religieuses et sociales. Les coutumes et traditions tiennent toujours une place très importante au sein de la société figuiguienne. Le patrimoine culturel et architectural actuellement conservé porte surtout le cachet de la période islamique. Les maisons, les mosquées, les marabouts construits en terre séchée, de même que les canaux et foggara et les bains ainsi que les vestiges d'anciens Ksour désertés ou détruits subsistent encore. 
Son intégrité est aussi préservée sur le plan urbanistique : les sept ksour de l'oasis et leurs palmeraies respectives, ont sur garder leur organisation spatiale et culturelle. Les principes de cette urbanisation du territoire, structuré en villages fortifiés, et caractérisés par la maitrise des ressources en eau ainsi que par les relations réfléchies entre le cadre bâti, la palmeraie, le système d'irrigation et les traditions ancestrales sont aujourd'hui sauvegardés. 
Parallèlement, l'architecture traditionnelle est aujourd'hui dévalorisée aux yeux d'une partie de la population qui lui préfère le modèle d'habitation isolé , moderne en béton, adopté dans les zones d'extension des ksour et parfois à l'intérieur même des ksour, ce qui touche ainsi à son intégrité, d'où l'urgence de sa protection. 
Les jardins étagés, malgré une tendance à l'abandon, sont exemplaires d'un modèle d'agriculture oasienne, basé sur la complémentarité entre les cultures et avec l'élevage, et sur la valorisation de la ressource en eau, produisant une alimentation diversifiée. La biodiversité domestique (au niveau de l'espèce, et au niveau de la variété) a été préservée, avec notamment des variétés de dattes très valorisées.

Comparaison avec d’autres biens similaires

L'oasis de Figuig constitue un témoignage exceptionnel avec ses valeurs urbanistiques et architecturales possédant une identité qui lui est propre par ses ksour, sa palmeraie et son système d'irrigation, ainsi que les pratiques sociales. Il constitue un site remarquable par la complémentarité de ces trois pôles, qui représentent un patrimoine particulier. En faisant la comparaison avec d'autres sites classés au Maroc (première partie du mémoire), notamment le ksar Ait Ben Addou, on constate qu'aucun site comme Figuig n'a fait l'objet d'un classement, à l'échelle nationale. A ce stade de l'étude, Il serait pertinent de faire une autre comparaison, avec un site classé au patrimoine mondial de l'humanité. En effet, des similitudes avec la Vallée du M'Zab en Algérie sont très frappantes. Ainsi, ce site constitué de cinq ksour et d'une palmeraie semblable, a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1982, pour les mêmes raisons évoquées précédemment à savoir :


• Les Ksour 
• Les maisons traditionnelles 
• Les mosquées 
• Les minarets 
• Les aires de prières et mausolées 
• Les remparts 
• Les tours 
• Les systèmes de partage des eaux 
• La palmeraie 
• Les puits traditionnels


En comparaison avec d'autres biens similaires, la similitude de la palmeraie à celle de la palmeraie d'Elche, retient toute l'attention. Inscrite en 2000 au patrimoine mondial de l'humanité, et située en Espagne, elle est dotée d'un système d'irrigation, aussi complexe et riche que celui de Figuig. Reconnue pour être la plus grande palmeraie d'Europe, elle a été aménagée à l'époque de la construction de la cité islamique d'Elche, à la fin du Xème siècle ap. J.-C., au moment ou une grande partie de la péninsule ibérique était arabe. 

Enfin, la palmeraie de Figuig est l'un des derniers exemples de jardin étagé oasien encore fonctionnel, c'est-à-dire produisant une variété d'aliments et de produits d'échange (dattes notamment) et s'appuyant sur des savoir faire et des pratiques traditionnelles de gestion de l'eau. Dans la plupart des oasis, les palmeraies ont soit connu une tendance à la modernisation, ce qui les a transformées en agro-systèmes très simplifiés, potentiellement plus productifs mais également plus vulnérables face à la raréfaction de la ressource en eau ; soit les palmeraies sont devenues des « fonds de décor » pour une mise en valeur touristique, ce qui conduit à leur dégradation faute d'entretien.

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