octobre 06, 2015

Congres Mondial Amazigh : Le Maroc devant le Comité de l’ONU pour les droits Socio-économiques et culturels

Dans le cadre du suivi de l’application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, le Comité des Nations Unies pour les droits économiques, sociaux et culturels a examiné les 29 septembre et 1er octobre 2015, le rapport présenté par l’Etat marocain. Comme lors de la précédente session qui s’est déroulée en 2006, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) a présenté son rapport alternatif à cette session de 2015, sur la situation des Amazighs au Maroc sur les plans social, économique et culturel.

Devant le Comité onusien présidé par M. Rodrigo Uprimny, Khalid Zerrari, représentant le CMA, a soulevé un ensemble de préoccupations liées à la problématique amazighe au Maroc et en particulier :
Le refus du gouvernement de mettre en oeuvre l’officialisation de la langue amazighe par la promulgation de textes d’application ; La régression de l’enseignement de la langue amazighe ; Les difficultés des Amazighs à accéder à la justice à cause de l’arabisation des Tribunaux ; Les grandes disparités sur le plan socioéconomique entre les régions amazighophones (Sud-Est, Souss, Atlas, Rif) largement défavorisées, et les autres régions ; Le problème de la mine d’Imider et la spoliation des terres et des ressources naturelles des territoires amazighs grâce à des lois datant de l’époque coloniale française ; La répression contre tous les militants des droits des Amazighs et particulièrement le problème des détenus du mouvement culturel Amazigh et ceux du village de Imider.

Le comité a auditionné la délégation du gouvernement marocain composée de 21 membres (dont un représentant de l’Institut Royal de la Culture Amazighe) et conduite par M. Abselam Seddiki, ministre de l’emploi et des affaires sociales.


Le chef de la délégation marocaine s’est évertué à démontrer la bonne volonté avec laquelle la question amazighe est traitée, surtout après son officialisation lors de la réforme constitutionnelle du 1er juillet 2011. Cependant, il n’a annoncé aucune mesure concrète en faveur de la promotion des droits des Amazighs. Il a qualifié les revendications des Amazighs de « faux problèmes » et a nié en bloc l’existence d’une discrimination à l’encontre des Amazighs. Cependant, et pour expliquer le retard dans la promulgation des lois d’application de la Constitution, il a clairement assumé que le gouvernement a d’autres priorités.

Le comité de l’ONU pour les droits économiques, sociaux et culturels a centré ses questions et ses observations sur un ensemble de défaillances de l’Etat marocain et particulièrement sur l’article V de la Constitution, sur l’enseignement de Tamazight, sur le problème d’Imider et le retard de développement des régions amazighes.
Les conclusions finales du Comité sont attendues dans les prochaines semaines.

En attendant, le CMA renouvelle ses exigences au gouvernement marocain et particulièrement :
l’application sans délai, de l’article 5 de la Constitution. Tout retard est considéré comme une atteinte à la loi fondamentale du pays et aux droits fondamentaux des Amazighs,
l’élaboration et la mise en place d’un plan d’action prioritaire pour la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe,
l’abrogation des lois de spoliation des terres et des ressources naturelles des Amazighs et la mise en place d’un plan de rattrapage socioéconomique pour les régions amazighes,
la libération des détenus politiques Amazighs et la fin des harcèlements policiers et judiciaires contre les militants pacifiques des droits des Amazighs.

Le CMA, ONG de défense des droits des Amazighs poursuivra sans relâche la dénonciation de toutes les atteintes aux droits humains et aux libertés fondamentales.
Genève le 01/10/2015
P/le Bureau du CMA
Khalid Zerrari


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