novembre 29, 2015

COP 21: entre la réalité de la crise économique et le désir d'une croissance verte

Nidam abdi
Paris est bizarrement aujourd’hui au croisement de deux réalités : un évènement, la COP 21 et ses retentissants messages à propos de l’avenir climatique de la planète et de la croissance verte, et ces crises économique et politique qui mettent en péril l’équilibre de la société française et provoquent des tragédies humaines. Peut-être que se remémorer les pères fondateurs de l’industrie électrique française, tel Georges Berger, permet de se construire une vision, une stratégie d’avenir.

Durant ces deux semaines de COP 21, il serait judicieux de visiter, au Louvre, l’exposition Une brève histoire de l’avenir, inspiré de l’ouvrage de Jacques Attali. On en sort convaincu par la devise de l’ancien conseiller de François Mitterrand, connaître le passé pour comprendre le présent et avoir une vision de l’avenir.

En France, la cession, au même moment, d'Alstom Grid, fleuron mondial du transport intelligent de l’électricité, au profit de l’Américain General Electric, et celle d'Alcatel Lucent, leader planétaire des réseaux télécoms, au Finlandais Nokia, sont peut-être, les prémices d’un déclin français dans le secteur de la convergence énergie/numérique.

Il est paradoxal que ce déclin s’annonce au moment même où de part le monde, les entreprises font les yeux doux, et comme jamais, aux scientifiques et ingénieurs français. Le docteur Merouane Debbah peut clamer, en connaisseur, que « les mathématiciens russes et français sont les meilleurs dans le monde », il n'en reste pas moins qu’il a trouvé plus d’aisance et de moyens à développer, à Paris depuis un an, un laboratoire dans le domaine du futur réseau télécom 5G, pour le Chinois Huawei que, durant 7 années passées chez Alcatel Lucent.

Alors comment se fait-il que le pays qui a les meilleurs mathématiciens et ingénieurs, se trouve de plus en plus dépourvu d’entreprises d’envergure dans les secteurs d’avenir que sont les réseaux électriques intelligents et ceux des télécoms. Y a-t-il une panne de leaders, de capitaines d’industrie ?

Sinon comment expliquer que la Chaire Alcatel Lucent/Supélec dédiée à la 5G disparaisse au moment où la Commission européenne annonce que c’est sur ce secteur que les télécoms doivent se concentrer et investir ? Tout ceci arrive au moment où la COP 21 qui se déroule à Paris, devait être une fête pour le savoir-faire des entreprises françaises en matière de développement durable et d’équipement intelligent de l’énergie.

C’est en cela que se remémorer les pionniers des révolutions industrielles françaises permet, de comprendre ce qui cloche aujourd’hui pour corriger les stratégies de l’avenir. Georges Berger, mineur de formation et homme des beaux-arts, pouvait à la fois, au XIXe siècle, construire une usine de production d’électricité pour les Établissements Breguet qu’il a dirigé, et enseigner la peinture sous Louis XIV, puis éditer un ouvrage sur le sujet.

Une telle érudition, allant des sciences de l’ingénieur aux arts et lettres, a permis à cet homme qui a marqué le XIXe siècle, d’être l’organisateur de plusieurs expositions universelles et internationales de l’époque. On lui doit en 1881, la première Exposition internationale consacrée à l’électricité et la création, à Paris, du premier Congrès mondial des électriciens.

On doit à Georges Berger des réalisations encore visibles à Paris, à l’exemple de la gare des Invalides, la reconstruction de l’Opéra-Comique, les adductions d’eaux de la ville, la restauration du château de Versailles et la création du Musée des Gobelins…

Tant de choses dans une vie d’un entrepreneur oublié et qui pourrait devenir un exemple à un moment où la France doute de ses élites. Car la question mérite d’être posée : la COP 21 marquera-t-elle l’opinion mondiale comme les expositions organisées il y a plus d’un siècle par le mineur 
Georges Berger ?
Editeur de la lettre de l'énergie EcoInnovatio et du moteur de recherche culturel Laudera

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