décembre 03, 2015

Imazighen : Entre l’attentisme et l’indifférence



Il est certain que l’état marocain, dans sa politique considère encore l’amazighité comme un patrimoine folklorique de second plan. Il suffit pour s’en rendre compte de (se) rappeler qu’aucun budget de l’état n’est mobilisé pour la prise en charge et le développement de la langue et de la culture amazighes. 

L’amazighité, demeure un outil entre les mains du pouvoir politique qui ne manque pas de l’utiliser à l’occasion uniquement à des fins idéologiques et/ou démagogiques. Les gouvernements se succèdent, se métamorphosent mais s’ingénient tous à maintenir l’amazighité à la marge de leur préoccupations. 

Le peuple amazigh, subit encore et toujours l’exclusion et le racisme d’un état Marocain machiavélique qui n’hésite pas à utiliser l’amazighité dans ses rapports conflictuels avec l’Algérie voisine. La surenchère soulevée par la déclaration de diplomates marocains sur le droit des imazighen de Kabylie à l’autonomie de leur région, sou couvert des Droits de l’Homme, ne signifie point la reconnaissance de l’amazighité au Maroc.

Le moindre intérêt accordé à Tamazight dans le plans « stratégique » annoncé officiellement à l’horizon 2030 pour la reforme du système éducatif et d’enseignement, l’insignifiance de la représentation des imazighen dans la commission de préparation du conseil nationale des langues et de la culture Marocaine, le maintien en prison des détenus politiques amazigh, l’interdiction de partis politiques amazighs, la réduction frauduleuse du nombre des amazighs dans les résultats du dernier recensement … Toutes ces vérités en cours dans la réalité, ne sont que l’expression de la volonté d’enfermer le peuple amazigh dans l’obscurantisme d’une arabisation forcée et soutenue par un système répressif relevant de l’état.

La répression s’exerce sur le peuple sous plusieurs aspects. La répression religieuse d’abord ; par l’omniprésence et l’hégémonie du rite Malikite comme religion d’état dont les instigateurs se complaisent dans des discours faussement nationalistes en exploitant les institutions de l’états dans le but de maintenir la dictature et le sous développement avec toutes les formes de fraude et de prédations devenues style de gouvernance dans ce pays.

Les Imazighen sont absents des programmes et des plans strategiques qu’ils continuent de subir. Ainsi, si la situation perdure, les imazighen auront à vivre dans un avenir de soumission identique à leur présent colonisé.
On est en droit de se demander pourquoi devant une telle situation, la réaction du mouvement amazigh tarde à venir ? Pourquoi nos projets d’action n’aboutissent pas ? Qu’attendons-nous ? Peut être des miettes, à compte goute, que voudrait nous distiller le gouvernement Benkiran sous forme de réformettes vit avortées.

Il est temps de relever le défi. Admettre que le changement dont à besoin notre pays est global. 
Il nous revient de prendre notre destin en main et de supporter l’effort nécessaire qu’éxigera un changement radical. Nous devons, affronter nos propres « démons », et soumettre nos actes et nos objectifs à l’évaluation rationnelle et pragmatique. 
Le militantisme dans le cadre du mouvement amazigh restera la voix lumineuse qui nous guidera vers la libération de notre peuple. Les petits calculs fruits de visions courtes et bornées ne doivent en aucun cas nous maintenir dans l’attentisme dépourvu de toute vision d’avenir. 

La détention politique est certes orchestrée par les agents d’un état pourri, un état servi dans sa politique anti amazigh par un corps de police, de services de renseignements et d’une justice aux ordres. Mais cette politique répressive ne peut se poursuivre sans ceux et celles qui la subissent sans réagir, comme inanimés.

Ceux et celles qui tournent leurs dos à ce qui se passe, celles et ceux qui chercheraient à oublier le sort des détenus politiques amazigh, ignorent peut être que de cette manière, ils contribuent au malheur de l’humanité, Ils ravivent par leurs attitudes passives notre souffrance eu égards à notre engagement en faveur de l’identité amazigh.
Rappelons encore que plusieurs détenus sahraouis et accusés de terrorismes sont récemment graciés alors que les détenus politiques amazighs sont relégués aux enfers du bagne.

Qui donc peut-on désigner comme responsable de cet état de fait, dans un état où les pratiques mafieuses sont devenues comme institutionnalisées. Pour qui sonne le glas dans la gestion du » dossier » en haut lieu ?
La répression de la libre expression reste une ligne de conduite de ceux qui nous gouvernent, cependant, notre droit de dévoiler le vrai visage du pouvoir répressif demeure aussi notre droit inaliénable. 
Nous devons tous, et chacun doit élever la voix en cherchant sans cesse à faire éclater la vérité.,« Pourrissons au pouvoir ses fêtes négationnistes » selon les termes de P. Bourdieu.

Notre jeunesse dédiée à la cause amazighe est prise en otage, nous sommes démunis de nos droits les plus élémentaires d’êtres humains. Mais nous refusons de mourir. 

Nous considérons que la pire des morts est de mourir tout en étant vivant !
Le sens de responsabilité de chacun est fortement interpellé face à la situation actuelle que vit l’amazighité. Notre destin est entre nos mains, Il nous appartient de prendre les initiatives qui s’imposent sans attendre. Soyons les acteurs de notre propre avenir sur notre terre !

Le 20/11/205 Prison de Toulal 1, AMeknas, Maroc

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