décembre 06, 2015

Les femmes, la politique et les politiques d'egalité en Europe




5.2. La situation des femmes en politique
5.2.1. La Finlande

La Finlande est devenue indépendante en 1917, mais auparavant en tant que Grand Duché de l'Empire russe, elle avait le statut de province autonome. Au début du 20ème siècle, les pressions pour l'autonomie devenaient de plus en plus fortes et ont entraîné des mobilisations de masse de la part citoyens. Selon Irma Sulkunen (1990), spécialiste de l'histoire des mouvements de femmes en Finlande, les premières associations civiles officielles sont apparues en Finlande dans les années 1880. Les femmes ont participé avec les hommes à ces associations ainsi qu'à la mobilisation générale sociale et politique de la société.

La première organisation de femmes, l'Association Finlandaise des Femmes (Finsk Kvinnoförening -Suomen Naisyhdistys), est créée en 1884 et suivie de l'Union des Mouvements pour les Droits des Femmes (Naisasialiitto Unioni) en 1892. Sulkunen (1990) prétend que ces organisations d'émancipation n'ont cependant pas attiré beaucoup de femmes ; celles-ci se sont davantage investies dans différents mouvements mixtes tels que le Mouvement pour la Tempérance (contre l’alcoolisme), le Mouvement du Club des Jeunes pour la Langue Finnoise et le Parti Social Démocrate. Les femmes occupaient des positions importantes dans la plupart de ces organisations mixtes ; elles en étaient souvent les fondatrices ou responsables des succursales locales. Le Mouvement pour la Tempérance, qui regroupait davantage de femmes que d'hommes au début du 20ème siècle, constituait un lieu particulièrement important de l'activisme social des femmes. Il peut même être considéré comme l'organisation féminine la plus importante du début de siècle. Beaucoup de femmes étaient également engagées dans l'Association Martha, fondée sur l'idéologie des sphères séparées (cf. Chapitre 2) et sur la promotion des conditions de vie des femmes au foyer.

Les femmes ont poursuivi leur participer aux organisations et mixtes et non-mixtes pour le droit de vote des femmes. Le mouvement des femmes, soutenus par les mouvements ouvriers, ont revendiqué le suffrage universel en vertu des principes d'égalité et de justice ; les femmes en tant que citoyennes devraient avoir les mêmes droits que les hommes. Les femmes ouvrières ont également participé à ce débat, en soulignant leurs propres capacités à représenter au mieux les intérêts des femmes actives et des mères de famille. L'activisme civil a atteint son apogée lors de la Grève générale de 1905, qui a forcé les autorités russes à accepter les demandes de réformes. En 1906, les Finlandais, autant les femmes que les hommes, ont ainsi obtenu le droit de vote au suffrage universel dans les élections nationales et le droit d'être éligibles. Grâce à ces réformes dans le système politique, les femmes finlandaises ont été les premières femmes en Europe à obtenir le droit de vote et les premières au monde à être éligibles au Parlement.(Sulkenen 1990, Kuusipalo 1993).

Pour les élections locales, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1917. l'Association Martha a collaboré avec les partis de gauche dans la compagne de revendication pour l’amélioration de la représentation des femmes au sein des conseils locaux. Les femmes ont souvent participé à des conseils par le biais des commissions spécifiques :aide sociale, éducation, logement et santé. En 1945, le taux de représentation des femmes était en moyenne de 5% dans les conseils locaux, mais il y avait d’importantes différences entre les zones urbaines et rurales. La proportion des femmes dans les conseils locaux dans les villes était à peu près la même qu'au parlement, un peu plus de 10%. Dans les conseils locaux de la capitale, Helsinki, la proportion de femmes était déjà supérieure à 25% dans les années 1950. (Kuusipalo 1993 : 17-18).

Lors des premières élections législatives démocratiques organisées en Finlande en 1907, 19 des 200 élus au parlement étaient des femmes. La proportion des femmes parlementaires était d’environ 10% jusqu'à la fin des années 1940. Le point le plus bas est atteint lors des élections de 1930 où les femmes n'ont obtenu que 6% des sièges au parlement. Dans toutes les élections des années 1950 et 1960, les femmes représentaient environ 15% des élus du parlement. En 1970, la proportion de femmes a atteint 22% puis s'est maintenu au dessus de la barre des 20%, atteignant plus de 30% aux élections de 1983. Avec 39% d’élues en 1991, la Finlande était alors le pays qui comptait le plus grand nombre de femmes parlementaires. Aux élections générales de 1995, la proportion de femmes n'était plus que de 33%, ce qui est le troisième meilleur taux du monde. Mais, comme le souligne Jaana Kuusipalo (1993), qui a étudié le rôle des femmes finlandaises en politique, la proportion des femmes parlementaires n'augmente pas forcément de façon linéaire.

Le système électoral, fondé sur des circonscriptions de liste et sur un système de vote à la proportionnelle est en général considéré plus favorable aux candidates femmes que les circonscriptions uninominales avec un système de vote à la majorité absolue. Par ailleurs, le taux de participation élevé des femmes finlandaises a probablement favorisé l'augmentation du nombre de parlementaires femmes. Selon l'Institut de statistique finlandais, le taux de participation des femmes aux élections législatives de 1991 était supérieur à celui des hommes. Pour les élections de 1995, 73% des femmes ont participé au voté, contre 71% des hommes. Dans le cas finlandais, bien que les partis ou les alliances de plusieurs partis forment et proposent des listes de coalition, les électeurs ne votent pas pour toute la liste mais pour un-e seul-e candidat-e. C’est ainsi que l’idée selon laquelle « les femmes élisent les femmes » a permis d'augmenter le nombre de femmes élues au parlement, puisque chaque vote pour une candidate femme a une conséquence directe sur la représentation des femmes au sein des instances élues. Aux élections législatives de 1995, les hommes étaient encore majoritaires parmi les candidats, mais la proportion de candidates femmes était de 39%, le double du taux des années 1970. La proportion de votes en faveur des femmes a également augmenté, en 1970, les candidates femmes n’ont obtenu que 19% des voix, contre 36% en 1995. (Lehtiniemi, 1995 : 100).

La loi sur l'éligibilité des Femmes aux postes de l'Etat a été voté en 1926 et la première femme ministre, Miina Sillanpää, était nommée au gouvernement à cette époque. La deuxième femme ministre a fait parti du gouvernement finlandais en 1948 et, depuis 1968, il y a toujours eu au moins une femme dans le gouvernement. Pendant les années 1970, il y avait habituellement deux femmes au gouvernement et trois depuis les années 1980. Les premières femmes ministres étaient issues de partis de gauche. La première femme non-socialiste, du Parti Agraire, a été nommée au gouvernement de 1973 et dans les années 1960, les partis de droite ont également commencé à nommer des femmes à des postes ministériels. (Kuusipalo 1993 : 18-23).

Dans ses recherches sur les femmes ministres, Kuusipalo (1993) opère une distinction entre trois générations de ministres finlandaises. Les femmes de la première génération, de 1926 au début des années 1960, étaient clairement nommés en tant que des représentantes des femmes. Elles étaient membres des sections femmes au sein de leurs partis et avaient souvent même un poste de direction dans une des organisations nationales de femmes. Cette situation a changé dans les années 1970, lorsque les femmes nommées au ministère étaient choisies par les dirigeants masculins des partis politique. C’est à cette époque que le rôle des sections femmes devient moins important dans le processus de nomination des femmes ministères. Les femmes nommées ministres pendant les années 1970 faisaient preuve d'une véritable carrière politique, d'une carrière d’expert dans tel ou tel domaine et elles étaient, par ailleurs, du « bon » sexe. Les mesures d'égalité sont entrées à part entière dans la politique officielle de l'État au cours des années 1970. Par conséquent, depuis cette période, chaque corps administratif et politique se doit d’avoir au moins une femme, censée représenter les intérêts de son sexe. Les femmes nommées aux postes ministériels depuis les 1980 ont à nouveau pris conscience des enjeux propres à la présence des femmes au sein des instances les plus prestigieuses de la vie politique.

Dans le gouvernement de 1995, 7 ministres sur 18 étaient des femmes. Depuis 1997, il y en a 6. Outre l'évolution quantitative de la représentation des femmes dans les gouvernements, l'aspect qualitatif de cette présence féminine a également changé. Depuis les années 1980, les femmes étaient en général nommées au Ministère des Affaires Sociales et de la Santé et au Ministère de l’Education nationale. Depuis le début des années 1990, elles ont également été nommées dans d'autres domaines (moins typiquement « féminins »). En 1990, pour la première fois une femme est nommée Ministre de la Défense. Elle fut la première femme au monde à occuper ce poste. La première femme finlandaise Ministre des Affaires Etrangères est nommée dans le gouvernement de 1995, qui comptait cinq autres femmes aux postes de Ministre de la Défense, du Travail, des Affaires Sociales et de la Santé et Secrétaire d'État des Finances.

En Finlande, le chef de l'État a toujours été un homme, mais cela a failli changer en 1994, quand, pour la première fois, l'élection du président s'est déroulée au suffrage direct. Deux candidats à l'élection présidentielle, un homme et une femme, se sont affrontés au deuxième tour. Beaucoup de femmes finlandaises étaient émues à l'idée d'élire une femme en tant que Président et le taux de participation des femmes a été de 84%, contre 81% pour les hommes. Mais les votes ont été divisés non seulement en fonction du sexe des candidat-e-s, mais également par les questions proprement politiques. Le candidat social démocrate, le président actuel Martti Ahtisaari a battu Elisabeth Rehn, la candidate du Parti du Peuple Suédois avec 54% des voix contre 46%. (Lehtiniemi 1995 : 103).

Bien que les femmes aient réussi en politique, leurs succès professionnels restent plus modestes, comme dans les autres pays nordiques, d'ailleurs. Les postes permanents les plus prestigieux de l'administration ont tous été occupés par des hommes jusqu'à 1995, date à laquelle une femme est devenue Chef de cabinet au Ministère de la Justice et au Ministère de l'Environnement. Bien que les femmes occupent souvent des postes de secrétaire général, elles n’accèdent que très rarement aux postes d’influence au sein des Conseils décisionnels dans le domaine économique. Dans les Commissions parlementaires, une secrétaire général sur trois est une femme, mais, d’après les données recueillies par l'Institut de Statistique de Finlande en 1990, environ 90% des présidents de ces Commissions étaient des hommes. En 1996, il y avait 14 Commissions chargées de la préparation de nouveaux textes de loi ou d’autres réformes d’envergure, dont deux seulement sont présidés par une femme. De plus, il existe une ségrégation horizontale entre les différentes Commissions. La représentation des femmes est plus importante dans les Commissions chargées des Affaires sociales, de la Santé, de l'Education ou de l'Environnement, alors que les hommes sont majoritaires dans les comités travaillant sous la tutelle du Ministère du Commerce et de l'Industrie et du Ministère des Transports. Du point du vue de l'administration régionale, le tableau est à peu près identique. Un seul conseil régional sur 16 est actuellement présidé par une femme. Les femmes y occupent en général des postes de gestion des ressources humaines, de relations publiques ou de marketing.

Au niveau départemental, les femmes bénéficient d’une visibilité accrue dans les instances de décision. Au printemps 1996, lorsque la Finlande était encore divisée en 12 comtés, quatre gouverneurs étaient des femmes. Depuis septembre 1997, le nombre de comtés est passé à cinq, mais de façon surprenante les femmes n'y ont pas perdu, trois gouverneurs sur cinq sont actuellement des femmes. Il n’empêche, la proportion de femmes parmi l’encadrement dans les instances locales est bien inférieure à ce chiffre. Sur 455 municipalités, seules 32 comptent une femme secrétaire générale de mairie. Depuis 1988, le nombre de conseils municipaux présidés par une femme a doublé, mais le pourcentage n'excède pourtant pas 15%. Parmi les conseils municipaux, la proportion de femmes étaient d’environ 30% en 1996, mais on ne comptait que 25% de femmes participant aux bureaux municipaux. (Equality, a habit to aim for 1995 : 3).

Outre les corps politiques et administratives, les syndicats jouent également un rôle important dans la société finlandaise. L’élaboration collective de plans d’action portant, par exemple, sur les politiques fiscales a ouvert l’accès aux représentants des groupes économiques de pression aux instances décisionnelles de l'administration politique, qui représente une arène importante pour la préparation de projets de réforme législative. Aujourd'hui, l’influence des syndicats sur les décisions politiques est considérable. Presque toute la population active, aussi bien les hommes que les femmes, est syndiquée ou appartient à une organisation professionnelle spécifique à son secteur d'activité. L'Organisation Centrale des Syndicats Finlandais (SAK) est celle qui compte le plus grand nombre d’adhérents, dont 46% sont des femmes. Les femmes représentent plus du tiers des participants à l'Assemblée générale, mais leur proportion dans les différents conseils de l'organisation n'est que de 23%. Dans la Confédération des Syndicats des Professeurs en Finlande (AKAVA), presque la moitié des membres étaient des femmes en 1993, mais elles n'étaient représentées qu'à 14% parmi les conseils. Ces chiffres donnent à penser que, en fin de compte, femmes finlandaises sont assez faiblement représentées dans la sphère politique puisqu'elles n'ont pas le même taux de représentation que les hommes dans les assemblées décisionnelles des organisations syndicales et professionnelles. (Lehtiniemi 1995 : 106).

En 1995, la législation finlandaise sur l'égalité a été amendée et les quotas ont été adoptés. La loi exige maintenant un taux de représentation de 40% au moins pour les deux sexes dans les Commissions gouvernementales, les organismes consultatifs et leurs assemblées respectives, ainsi que dans les conseils municipaux, conseils administratifs et conseils d'administration des établissements, institutions ou entreprises municipales ou publiques. Environ 70% des organes de décision créés après l'amendement respectent les quotas exigés. En moyenne, les comités comptaient 42% de femmes au début de l'année 1996. Le nombre de structures ne comptant aucune femme a également baissé, mais 3% des organes établis après la mise en place des quotas sont toujours uniquement composés d’hommes. Outre les structures administratives traditionnelles, de nombreux groupes de travail sont désormais établis pour travailler sur des projets précis. De tels groupes de travail sont actuellement 2 à 3 fois plus nombreux dans l'administration que les Commissions. Moins de la moitié des groupes de travail créés après 1995 ont la proportion de femme exigée. De plus, 12% des groupe de travail ne compte aucune femme, notamment parce que ces groupes peuvent être composé d’une seule personne, chargée d’effectuer un travail préparatoire dans tel ou tel domaine. (Kaasinen 1996).

Les femmes étaient également peu représentées à la Commission Europe, qui a été créée avant la mise en place des quotas. Cette Commission compte 36 Sous-commissions et exerce une influence considérable sur les questions de coordination relatives à l'Union Européenne. La Commission est composée de 15 commissaires, dont seulement deux femmes. Dans les Sous-commissions, la proportion de femmes est d’environ 30%, mais les Sous-commissions chargées de la politique économique et des finances ne comptent aucune femme. (Vähäsaari 1995).

Les statistiques concernant la participation politique en Finlande montrent que la proportion de femmes dans les instances élus démocratiquement est relativement élevée, en particulier depuis les années 1980. De plus, les femmes finlandaises ont une histoire exceptionnellement longue de participation politique ; dans le premier parlement élu démocratiquement en 1906, elles représentaient déjà 10% des élus. Depuis la fin des années 1980, la division du travail politique entre les sexes n'est plus aussi marquée qu’auparavant ; les femmes ont été nommées Ministre de la défense, Ministre de la justice et des Affaires étrangères. Cependant, il faut noter que les femmes sont encore minoritaires dans les véritables centres de pouvoir ; dans les Commissions ministérielles préparatoires pour les questions de budget et dans les échelons les plus élevés de la Fonction publique.

Parallèlement aux analyses statistiques, il est important d'étudier la situation des femmes dans la vie politique d'un point de vue plus qualitatif. Les femmes politiques doivent encore affronter le dilemme entre « égalité » et « différence ». Dans les médias finlandais, par exemple, des règles spécifiques s'imposent aux parlementaires et ministres femmes ; elles ne doivent pas « ressembler trop aux hommes », ni être trop engagées dans la « lutte féministe ». De plus, la gestion conjointe du travail et de la vie familiale est encore très difficile dans la vie politique. Malgré la présence d’un nombre croissant de jeunes femmes, les règles du jeu politique ne sont toujours pas très favorables aux femmes - ni d’ailleurs aux hommes - politiques ayant des responsabilités familiales.

D'autre part, on peut également s'intéresser aux stratégies utilisées par les femmes pour influencer les processus de prise de décision en politique. En Finlande, un facteur essentiel de l'évolution des femmes en politique a été le rôle des sections femmes dans les partis et la coopération des femmes politiques au sein des réseaux entre partis politiques. Les organisations de femmes politiques ont été une base important pour le recrutement des ministres femmes et pour influencer la formation de partis politiques. Les réseaux de coopération entre femmes de différents partis politiques sont apparus vers la fin des années 1980. Le réseau de femmes parlementaires et NYTKIS (la coalition des Associations de femmes finlandaises pour une action commune) regroupent les sections femmes de différents partis politiques, ainsi que des organisations non politiques telles que la Ligue des Féministes Finlandaises et l'Association pour les Etudes sur les Femmes en Finlande. Ce type de coopération offre de nouveaux champs d'action pour formuler des projets politiques qui sont sensibles à la dimension sexuée de la réalité sociale et pour transformer les conditions d’élaboration de l’agenda politique.
5.2.2.La France

La France est célèbre pour la révolution de 1793 et ses principes d'égalité, liberté et fraternité. Pendant la révolution, le droit des femmes à la citoyenneté a été proclamé par Condorcet (L'admission des femmes au droit de cité) et par Olympe de Gouges (Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne). Pourtant, les femmes françaises ont dû lutter pour obtenir une pleine citoyenneté politique. Alors que la France a été le premier pays à accorder le suffrage universel aux homme en 1848, les femmes françaises n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1944, après plusieurs décennies de lutte pour le suffrage. (Jensen et Sineau 1994 : 244)

Au cours des dernières années, la place des femmes en politique a fait les gros titres des médias français. Le Mouvement pour la parité hommes-femmes dans la vie publique a lutté activement pour une participation égale des hommes et des femmes en politique. (Parité-Infos 1997, Gaspard et alii 1992). En juin 1996, dix femmes députées et anciennes députées de renom ont lancé un appel pour la parité dans le magazine l'Express. Les objectifs de ce mouvement sont soutenus par une large majorité de femmes et d'hommes en France: 71% des personnes interrogées par le magazine se prononcent en faveur de la parité hommes-femmes en politique.

Selon la loi électorale du 21 avril 1944, « les femmes ont le même droit de vote et d'éligibilité que les hommes ». La réalité est pourtant bien différente. En 1945, le parlement accueillait ses premières femmes députées, elles représentaient 6% des élus. Jusqu'aux élections de mai-juin 1997, la proportion de femmes députées n'a jamais dépassé les 6%. Le plus faible taux de féminisation du parlement a été atteint dans les années soixante avec 1,6 à 2,1% de femmes à l’Assemblée nationale.(Jenson et Sineau 1994, Parité-Infos 1997)

Selon Jenson et Sineau (1994), le système électoral mis en place en 1958 avec la 5ème République permet d’expliquer la faible proportion de femmes parlementaires élues au cours des années 1960. Ce système, fondé sur des circonscriptions uninominales, a favorisé les candidats bien implantés au niveau local et le cumul des mandats (par exemple de maire, conseiller général et député). Or, on comptait très peu de femmes parmi les élus locaux ayant plusieurs années d'expérience dans la vie politique locale et régionale. Le faible proportion de femmes aux postes de niveau national peut s'expliquer, en partie du moins, par l'exclusion des femmes de la vie politique locale. En 1996, les femmes représentaient 21,2% des conseilleurs municipaux et 7,6% des maires, présidents des conseils municipaux. (Bihr et Pfefferkorn 1997).

La sous-représentation des femmes au niveau national est également attribué au système spécifique de recrutement du personnel politique français. La plupart des personnalités politiques importantes ont été recrutées au sein de la haute Fonction publique, en particulier parmi les diplômés de l'École Nationale d'Administration et de l'École Polytechnique. Les femmes sont en minorité dans ces Grandes écoles. En 1993, la proportion de femmes admises à l'École Nationale d'Administration était de 24%. (Jensen et Sineau 1994).

Pourtant, il existe d'autres facteurs pour expliquer la sous-représentation des femmes à l'Assemblée Nationale. Au cours de ces dernières décennies, la proportion de femmes candidates aux élections législatives a toujours été faible, à l'exception des élections de 1986, organisées avec le système de représentation proportionnelle (24,7% de candidates) et aux élections législatives de 1997 (23% de candidates). Au sein des partis de droite notamment, les hommes responsables des partis sont toujours hostiles à l'idée de soutenir les candidates femmes. (Appleton et Mazur 1993).

Jusqu'aux années 1970, il existait également un décalage important entre le taux de participation électorale des femmes et des hommes en France. Dans les années 1950, le taux de participation des hommes était de 7% à 9% supérieur à celui des femmes. Les femmes avaient également une tendance à votre davantage pour les partis de droite que leurs homologues masculins. Pourtant, dans les années 1980, cette différence des taux de participation et des orientations politique s'est complètement estompée. Les femmes votent désormais autant que les hommes, elles choisissent davantage des partis de gauche et, depuis les années 1990, les partis écologistes que leurs homologues masculins. (Jensen et Sineau 1994, Bihr et Pfefferkorn 1997)

À la fin des années 1980, la discussion sur la situation des femmes en politique a été davantage relayé par les médias. Une Association pour la parité a été créée en 1992 et les revendications pour la parité se sont multipliées, tant au niveau national qu’au niveau européen (en particulier au Conseil de l'Europe et au Parlement européen). Il convient de signaler que la proportion de femmes parmi les membres français du Parlement européen a toujours été supérieure au pourcentage de femmes députées à l’Assemblée nationale. Depuis le début des années 1980, la proportion de femmes françaises élues au Parlement Européen a été supérieur à 20% et a même atteint 29,9% après les élections européennes de 1994. (Bihr et Pfefferkorn 1997 : 197).

Au niveau national, les élections législatives de mai-juin 1997 ont constitué un tournant pour la participation des femmes dans la vie politique. Les élections ont succédé à une vive discussion sur la question de la parité hommes-femmes dans la vie politique française. Les partis de gauche et écologistes ont présenté plus de candidates femmes que de coutume (presque 30% de ces candidats étaient des femmes). Soixante-trois femmes ont été élues au parlement, représentant 10,9% des députés. Le gouvernement socialiste compte 8 femmes sur un total de 26 ministres. Le nouveau gouvernement a également changé la répartition traditionnelle des responsabilités politiques selon le sexe ; les femmes ministres ont été nommées à des postes ministériels importants tels que le Ministère du travail ou de la justice. (Parité-Infos 1997, Le Nouvel Observateur 1997).

Selon plusieurs chercheurs, la situation des femmes en politique reflète le conflit existant entre les idées d'égalité et de différence entre les sexes dans la vie politique française. L'étude de Mariette Sineau (1988) qui a interrogé des femmes députées, sénateurs, maires ou responsables de partis, montre que les hommes politiques n’arrivent pas à concevoir une place autre que minoritaire pour les femmes en politique. Les femmes elles-mêmes ont souvent le sentiment d'être perçues différemment, de ne pouvoir assumer que les rôles féminins traditionnels et d'être exclues des prises de décision concernant les « questions essentielles ».

Pourtant, les femmes politiques pensent également que, en tant que femmes, elles changent les règles du jeu politique, apportant une dimension plus proche de la vie quotidienne des citoyens. Dans ce sens, les femmes mettent à l'ordre du jour du calendrier politique des questions qui ont toujours été considérées comme appartenant au domaine privé ou comme éloignées des enjeux politiques. L'enquête de Janine Mossuz-Lavau (1995), qui a interrogé les électeurs français hommes et femmes sur leur représentation du domaine politique, rejoint la conception de la vie politique, basée sur la division entre les sphères publique et privée.

Dans leur étude sur la situation des femmes dans le système politique français, Andrew Appleton et Amy Mazur (1993) soulignent que la question des rapports sociaux de sexe a eu un impact important sur les programmes des partis politiques, mais pas sur leur organisation. Les partis politiques n'ont pas favorisé activement la promotion des femmes dans leurs structures, alors qu’ils ont introduit les préoccupations des femmes dans leurs programmes et discours politiques avec un peu plus d’enthousiasme. Néanmoins, les élections législatives de mai-juin 1997 ont peut-être constitué un tournant dans les politiques des partis en ce qui concerne les femmes. Les élections et le débat sur la parité dans la vie politique ont montré que les femmes revendiquent une place plus importante dans la vie politique française et que de telles préoccupations féminines peuvent jouer un rôle important dans l'élaboration du calendrier politique.
5.2.3.Grande-Bretagne

En Grande-Bretagne, les femmes de plus de 30 ans ont obtenu le droit de vote pour la première fois en 1918. En 1928 elles ont accédé aux mêmes droits électoraux que les hommes. Tous les partis comptent des femmes activistes et des sections femmes. En dépit de cette organisation interne, qui aurait pu favorisé l'intégration des femmes au domaine institutionnel de la politique, les femmes ont été largement exclues de l'élite politique en Grande-Bretagne. (Lovenduski 1994). Au début des années 1990, la représentation des femmes au parlement était inférieure à 10% et dans toute l'histoire politique britannique jusqu'à 1997, il n'y avait eu que sept femmes en tout au gouvernement. (Russel 1997).

Joni Lovenduski (1994), qui a étudié la situation des femmes dans la vie politique britannique, souligne que les règles politiques en Grande-Bretagne favorisent la présence d'hommes de race blanche issus des classes moyennes. L'élection de responsables politiques « âgés » est renforcée par le système électoral basé sur des circonscriptions unipersonnelles, qui défavorise largement les candidates femmes. (Lovenduski 1994). Les pratiques traditionnelles de recrutement avec des critères de qualification implicites et la nomination par des moyens confidentiels favorisent également les hommes. L'influence des femmes en tant que groupe est resté limitée, car elles ont toujours été introduites dans la vie politique à titre individuel, ce qui explique leur faible représentation dans les institutions politiques. Il a également été difficile pour les femmes de revendiquer l’importance politique des rapports sociaux de sexe, car le système politique en Grande-Bretagne est largement structuré autour de clivages en termes de classe sociale. Sur la scène politique divisée entre deux partis politiques qui représentent des classes sociales différentes et où la discipline interne est très stricte, il est difficile d’introduire des questions qui vont au delà des divisions de classes à l'ordre du jour du calendrier politique. (Lovenduski 1993 : 8).

Selon Lovenduski (1986), les premières campagnes et revendications en faveur de l'égalité sont apparues dès 1830, mais le premier mouvement organisé est né dans les années 1850 avec le Langham Place Group à Londres. Le groupe voulait développer l'emploi et l'éducation des femmes et améliorer le statut légal des femmes. Dans les années 1860, le groupe a commencé un mouvement pour le droit au suffrage, campagne la plus importante du 19ème siècle. Cette campagne a réuni la plupart des féministes autour d’un objectif commun. En 1867, alors que les revendications pour le droit de vote des femmes avaient échouées, des comités et autres groupes locaux pour le suffrage se sont créés, organisés en Société Nationale pour le Droit de Suffrage des Femmes. Les femmes qui dirigeaient ce mouvement avaient acquis une expérience politique lors des premières campagnes féministes et ont réussi à imposer la question du droit de vote des femmes à l'ordre du jour du calendrier politique entre 1870 et 1901.

Le développement de l'éducation et de l'emploi des femmes a apporté un soutien supplémentaire à ce mouvement et quelques femmes ont commencé à oeuvrer pour le droit de vote par le biais des partis politiques. Mais, le Parti Libéral et le Parti Travailliste se sont avérés de piètres avocats des causes des femmes et certaines féministes ont fondé l'Union Sociale et Politique des Femmes, mouvement ayant pour seul but d'obtenir le droit de vote pour les femmes. Les membres de cette organisation étaient appelées « suffragettes » et utilisaient parfois des actions directes pour attirer l'attention sur leur revendications. Les suffragettes s'enchaînaient à des grilles d’immeubles, s'attaquaient à des représentants du gouvernement, faisaient des grèves de la faim et ont même incendié des bâtiments publics. Ces actions ont été uniques dans l'histoire des mouvements de femmes européens. Le mouvement pour le suffrage a été actif jusqu'en 1928, lorsque les femmes ont obtenu le droit de vote dans les mêmes conditions que les hommes. (cf. 1.4.2.).

Le mouvement féministe des années 1960, appelé féminisme de « deuxième vague » a été déclenchée en partie par l'influence internationale, en particulier américaine, mais également par le mouvement des étudiants de gauche et le militantisme croissant des femmes issues de la classe ouvrière. La question « des femmes s’est peu à peu imposée dans les programmes des partis de gauche après la publication de l'essai de Juliet Mitchell « The Longest Revolution » dans le New Left Review en 1966. L'article de Sheila Rowbotham « Women’s Liberation and the New Politics » a ravivé la polémique en insistant sur la manière dont les charges domestiques attribuées aux femmes dans l’espace domestique étaient à l’origine des inégalités de sexe sur le marché du travail. En 1968, les premiers groupes de femmes, appelés « groupes de prise de conscience » se sont créés à Londres.

Selon Lovenduski (1986), au cours des années 1960, les femmes britanniques se sont de plus en plus intéressées à l'égalité des salaires et au droit de décider de leur propre sexualité. En 1968, une grève pour l'égalité salariale à l'usine Ford a favorisé la création de la Campagne Nationale d'Action Concertée en Faveur des Droits des Femmes (National Joint Action Campaign for Women’s Equal Rights), impulsée par les syndicats. Le projet de Loi sur l'égalité des salaires de 1970 a permis aux réseaux féministes émergeants de s’unir autour d’un objectif commun. L'activisme de ces réseaux a également permis d'élaborer la Loi sur la discrimination sexuelle de 1975. L'association des partis de gauche et des mouvements féministes ainsi que des syndicats et du Parti Travailliste a permis de faire avancer les revendications des femmes. Les Conseils des syndicats ont par exemple joué un rôle important dans la mise en place de politiques en faveur des femmes.

Le féminisme nord-américain a influencé un autre courant du féminisme britannique. L'article de Anne Koedt intitulé « Le mythe de l'orgasme vaginal » a ouvert le débat politique sur des questions auparavant considérées comme strictement personnelles. L'activisme féministe croissant sur les questions de sexualité des femmes a été considéré comme une réponse au libéralisme sexuel des années 1960, qui a aussi entraîné l'exploitation sexuelle accrue des femmes. Lovenduski (1986) souligne que la deuxième vague de féminisme britannique a été caractérisée par des tensions entre les deux ailes du mouvement féministe, la première très liée aux organisations syndicales et socialistes et la deuxième plus préoccupée par les questions liées à la sexualité.

Dans les années 1970, les femmes ont lancé d'importantes campagnes d’action concernant la garde des enfants, les violences faites aux femmes et l'avortement. Au milieu des années 1970, les femmes activistes se sont également tournées vers les institutions officielles telles que les partis, les syndicats et les différents niveaux de l'administration. A partir de 1978, la division entre les féministes dites radicales et les féministes socialistes est devenu plus flagrante, mais malgré les tensions, elles ont néanmoins réussi à travailler ensemble pour la promotion des intérêts des femmes britanniques. Au cours des années 1980, les féministes radicales ont largement considéré les institutions politiques comme des lieux d’expression de la domination masculine. De même, les féministes socialistes ont exprimé une certaine méfiance à l’égard des femmes qui cherchaient à prendre d’assaut ce « bastion masculine ». En fin de compte, la deuxième vague féministe britannique a surtout insisté sur les risques de « récupération » afférentes à toute tentative de travail au sein même des structures politiques du pays. Il a placé ses espoirs de transformation davantage dans l’existence d'un mouvement féministe fort et autonome. Lovenduski (1994) indique que la motivation principale de la deuxième vague de féminisme britannique était largement puisée dans un sentiment de frustration vis-à-vis des instances politiques traditionnelles. (cf. également Norris et Lovenduski 1993).

A l’époque des suffragettes, le refus du droit de vote des femmes été souvent fondé sur l’idée que l’accès des femmes à l’espace politique aurait un impact important sur les résultats des élections, étant donné la proximité traditionnelle entre les femmes et le Parti Conservateur, porteur des valeurs de l'église et de la famille. (Lovenduski 1986 : 125). Aucune information sur le comportement électoral des femmes britanniques n’est disponible avant 1945, mais, depuis cette date, les intentions de vote des femmes en Grande-Bretagne ont fait l’objet de davantage d’études et d’analyses que dans n’importe lequel autre pays européen. Entre 1945 à 1979, ces données confirment la tendance des femmes britanniques à davantage soutenir le Parti Conservateur que les hommes. Cette différence a disparu pour les élections de 1983 et 1987, même si aux élections de 1992, les femmes âgées ont voté davantage pour les Conservateurs que pour les autres partis, à 45% contre 36%, selon les statistiques du Parti Travailliste. (Norris et Lovenduski 1993 : 39).

Une autre idée reçue sur le vote des femmes consiste à penser que leur taux de participation aux élections est inférieur à celui des hommes. Les données disponibles à partir de 1945 montrent qu'il n'y a pas de différence significative entre le taux de participation des hommes et des femmes. Jusqu'en 1970, le taux de participation des femmes était de 2 à 4% inférieur à celui des hommes, mais, à partir des élections législatives de 1974, cet écart n'existe plus et, depuis cette date, les femmes semblent même voter en plus grand nombre que les hommes. À la fin des années 1980, on comptait près d'1,8 million d'électrices de plus que d'électeurs.

En Grande-Bretagne, environ 10% de la population adulte est membre d'un parti politique. Dans les deux partis principaux, le Parti Conservateur et le Parti Travailliste, la proportion de femmes est respectivement de 50% et 40%. Le Parti Social Démocrate estime que les femmes représentent environ 10% de ses membres, mais il n’a publié aucune statistique officielle à ce sujet. D’ailleurs, aucun Parti politique de disposent d’informations statistiques fiables sur ses adhérentes féminines. (Lovenduski 1986 : 137). Ici, nous nous intéresserons donc aux deux partis principaux et à leurs stratégies pour promouvoir les femmes en politique.

Selon Pippa Norris et Joni Lovenduski (1993), dans une étude sur les partis politiques et les rapports sociaux de sexe en Grande-Bretagne, du fait de ses relations historiques avec les représentants syndicaux des secteurs les plus masculins du marché du travail, le Parti Travailliste a souvent été considéré comme étant potentiellement moins sensible aux revendications des femmes que le Parti Conservateur. Malgré cela, quand le Parti Travailliste a décidé de moderniser son image et ses structures, il a globalement mieux réussi à promouvoir les femmes que les Conservateurs. Lors du processus de sélection des candidats du parti pour les élections nationales, les Travaillistes ont eu quelques difficultés à imposer l’idée de quotas, tant celle-ci heurtait la structure décentralisée du Parti et le rôle traditionnel des syndicats dans le processus de sélection des candidats du Parti. Un mandat syndical au niveau local a traditionnellement constitué la première étape incontournable dans une carrière politique nationale au sein du Parti Travailliste. La sélection des candidats pour une circonscription à la porté des travaillistes n’est donc rarement « ouverte ». Lors de sa Conférence annuelle de 1993, le Parti Travailliste a néanmoins adopté le principe selon lequel 50% des sièges les plus stratégiques devaient être réservés aux listes exclusivement composées de femmes candidates. La section locale du Parti conserve la droit de désigner la candidate qu’il soutien parmi les femmes inscrites sur de telles listes. Le système des listes exclusivement féminines a néanmoins été contesté et le tribunal de Leeds a jugé que cette pratique était contraire à la Loi sur la discrimination entre les sexes de 1975. Les responsables du Parti ont alors déclaré que le système des quotas ne serait plus utilisé à l'avenir.

La représentation croissante des femmes au Parti Travailliste peut largement être attribuée au succès des revendications portées par les femmes travaillistes dans les années 1980. Celles-ci se sont mobilisées toute au long de la décennie pour demander l'augmentation du nombre de femmes parlementaires et l’accroissement des pouvoirs des organisations de femmes au sein du Parti. L'organisation souple du Parti Travailliste laisse une grande marge de manoeuvre aux différents syndicats et sections qui le composent . Les femmes ont profité de cette ouverture pour organiser la Campagne pour la Démocratie du Parti Travailliste - Comité d'Action des Femmes (CLPD - WAC)), qui demandait des changements au sein du parti. Une autre organisation interne au Parti, appelé Lutte pour les Droits des Femmes (Fightback for Women’s Rights) œuvre également en faveur de l'égalité entre les sexes et sur les questions des droits des femmes. Ces actions illustrent les stratégies féministes qui s’opèrent dans l’objectif de transformer un système de l’intérieur, en participant de manière active aux structures décisionnelles traditionnelles. D’une certaine manière, les femmes britanniques ont réussi ainsi à influencer la politique du Parti Travailliste. Le parti encourage désormais les programmes de formation politique spécifiquement destinés aux femmes, l'amélioration des équipement de garde des enfants au sein du Parlement, les changements d'horaires des séances parlementaires, ainsi que des quotas et des aides financières pour les femmes. Les actions positives en faveur des femmes font désormais partie intégrante de la politique du Parti.

Pendant la plupart des années 1980, le Parti Conservateurs, sous la direction de Madame Thatcher, n’a jamais douté de ses capacités à représenter les femmes britanniques. Le parti s'est davantage intéressé aux questions liées à l'égalité comme, par exemple, l'imposition fiscale et la mise à disposition des équipement de garde des enfants, qu'aux problèmes liés aux places respectives des hommes et des femmes dans la représentation politique. Les pressions des femmes au sein du Parti Conservateur pour une représentation égale sont apparues plus tardivement qu'au Parti Travailliste, et le problème était principalement posé en termes individuels. Les femmes du parti Conservateur ne se sont pas unies pour cette cause. Les revendications des femmes ont conduit le bureau central à plusieurs tentatives informelles, mais assez significatives, pour encourager les femmes à postuler aux postes au sein du Parti. Le Parti a essayé d'augmenter le pourcentage de femmes candidates, mais il s'est davantage intéressés au recrutement de femmes militantes qu’aux femmes candidates au cours des dernières années. Il ne s'est pas officiellement engagé pour assurer l'égalité des sexes au sein des instances décisionnelles du Parti. En général, le Parti Conservateur compte énormément sur les femmes en tant qu’électrices, adhérentes et responsables locaux, mais, selon Lovenduski (1986), celles-ci jouent un plus grand rôle sur le terrain que dans les instances décisionnelles importantes. Les femmes y sont néanmoins bien représentées aux postes de niveau cantonal.

Au niveau national, les femmes britanniques ont été très faiblement représentées jusqu'à la fin des années 1990. Après les élections générales de 1992, la proportion de femmes parlementaires était de seulement 9%. Aux élections de 1997, la représentation des femmes au parlement a doublé, avec 18% de femmes à la Chambre des Communes. Le Parti Travailliste compte 101 femmes parlementaires, soit 24% des représentants du Parti au parlement, dont 65 sont de nouvelles élues. En raison de la défaite des Conservateurs aux élections de 1997, le nombre de femmes parlementaires du Parti Conservateur est passé de 20 à 13. (Russel 1997).

Les femmes britanniques ont rarement été nommées au gouvernement. Dans toute l'histoire de la politique britannique, seules sept femmes ont fait parti des Cabinets. Après les élections de 1997, le Premier Ministre, Tony Blair, a nommé cinq femmes au gouvernement sur les 22 ministres au total, soit 23%. De plus, 14 autres femmes ont également des responsabilités ministérielles sur un total de 89, la proportion de femmes est donc de 21%.

Selon Lovenduski (1986), dans les secteurs économique et décisionnels, la représentation des femmes a été encore plus faible que dans le domaine politique. Le gouvernement a principalement consulté les organisations de femmes via la Commission Nationale des Femmes (Women's National Commission), organisme aux ressources financières aléatoires, créée en 1969. La Commission Nationale des Femmes est composée d'environ 50 organisations nationales, généralement celles qui sont les plus anciennes et qui regroupe un nombre important d’adhérentes. Les sections femmes des partis politiques sont membres de cette Commission, mais les nouveaux groupes féministes n'y participent pas. De plus, les intérêts officiels des femmes sont sommairement définis et la Commission n'est pas consultée pour les questions économiques ou politiques importantes.

Les femmes dépendent surtout des nominations ministérielles pour accéder aux réseaux économiques, dans la mesure où trop peu de femmes occupent les postes importants au sein des organisations syndicales ou patronales pour y accéder par ce biais. L'adhésion des femmes aux syndicats a augmenté au rythme de leur entrée dans la vie active, mais leur représentation dans les organismes décisionnels au sein des syndicats s'est accrue plus lentement. En Grande-Bretagne, 60% des hommes et 40% des femmes qui travaillent adhèrent à un syndicat. En fait, les femmes représentent un peu plus de 30% des syndiqués. On ne dispose d'aucun chiffre concernant la participation des femmes aux différents niveaux des négociations collectives, mais les femmes ont moins de chance d'être représentées aux postes de responsabilité au sein des syndicats et moins de 5% des femmes syndiquées ont été déléguées syndicales. Les raisons de la faible participation des femmes sont multiples : l'emploi à temps partiel, le travail à domicile et dans des petites entreprises de petite taille, mais également le caractère discontinu de leur activité professionnelle (cf. Chapitre 2). De plus, les secteurs industriels les plus féminisés, tels que le textile ou les services directs aux particuliers, connaissent un faible taux de syndicalisation. (Lovenduski 1986).

L'engagement des syndicats pour les droits des femmes dépend encore de chaque syndicat et du problème en question. Les syndicats traditionnels considèrent la législation sur l'égalité dans l'emploi comme une menace de leur pouvoir de négociation et déclarent que les discussions sur l'égalité des sexes peuvent diviser le mouvement ouvrier. Dans les syndicats britanniques, les négociations sur le droit des hommes mariés à une « allocation de femme au foyer » ont été importantes, et cette idée est évidemment en contradiction avec toute revendication en faveur de l’égalité des salaires et des carrières professionnelles pour les hommes et les femmes.

Les organisations syndicales et professionnelles , telles que le Congrès des Syndicats (Trade Union Congress) et la Confédération des industries britanniques (Confederation of British Industry) sont des acteurs importants du secteur économique britannique ; le gouvernement et l'administration les consultent fréquemment sur des questions politiques importantes et ils ont le droit de nommer leurs représentants au sein des organismes publics paritaires. Il est donc important que les femmes et leurs préoccupations soient inscrites à l'ordre du jour de ces institutions, mais, comme l’indique Lovenduski (1986), ces organismes ont toujours montré des caractéristiques de groupes fermés et oligarchiques. Ces organismes ont toujours été hostiles à toute réforme, dont l'adoption de critères officiels de formation et de qualification pour les postes les plus importants.

Le système politique britannique, basé sur le vote à la majorité, défavorise les femmes par rapport au système à la proportionnelle scandinave. Les femmes ont eu de grandes difficultés à être sélectionnées pour des sièges ayant de fortes chances d'être reconduits dans les principaux partis politiques, et même si le Parti Travailliste a récemment commencé à augmenter la représentation des femmes à ces sièges sûrs, la proportion de femmes au parlement reste inférieure à 20%. Tant que les femmes n'auront pas la possibilité d'être candidates pour ces sièges sûrs, la dominance des hommes à la Chambre des Communes perdurera, puisque, en général, 90% des députés sortants sont réélus. (Norris 1993 : 315).

En Grande-Bretagne, la voie pour arriver aux postes importants en politique est étroite.Si les responsables politiques ne veulent pas promouvoir le rôle des femmes en prenant des mesures positives, le réseau de sociabilité informelle entre hommes (« old boy network ») empêchera les femmes de prendre part aux décisions dans plusieurs secteurs importants. D’après Lovenduski (1986), le mouvement de libération des femmes en Grande-Bretagne s'est transformé en mouvement politique autonome, mais, pour que le point de vue des femmes en politique soit vraiment reconnu, une double action - à l’intérieur et à l’extérieur des partis - est nécessaire. Il ne faudrait pas pour autant sous-estimer l’efficacité des organisations autonomes de femmes quant à la transformation de l’agenda politique en Grande-Bretagne.
5.2.4.La Norvège

En 1913, les Norvégiennes ont obtenu le droit de vote pour les élections législatives, mais elles jouissaient déjà d'un droit de vote limité à diverses occasions et questions particulières. Elles ont voté pour la première fois en 1895 au niveau local sur la question de la vente d'alcool. Les femmes ont été autorisées à voter et à être élues pour les élections municipales de 1901, avant que ce droit ne leur soit accordé au niveau national. En 1907, celles qui disposaient d'un revenu ont pu voter aux élections pour l'Assemblée nationale, le Storting. Un droit de vote général pour les élections locales leur a été accordé en 1910. Une loi donnant accès aux femmes à la plupart des postes officiels a été promulguée en 1912, mais aucune femme n'est devenue ministre avant 1922. C'est cette même année qu'une femme fut pour la première fois élue au Storting. La première femme ministre fut nommée en 1948.

A l'instar de nombreux autres pays occidentaux, l'activisme politique des Norvégiennes a connu deux temps forts. Le premier avec la campagne pour le droit de vote au début du 20ème siècle et le second qui débuta dans les années 1960. Le but précis des femmes au cours de ces décennies était d'accroître leur participation à la vie politique. Des campagnes à cet effet ont été lancées avant les élections locales et nationales, la première ayant été organisée avant les élections locales de 1967. Grâce à cette campagne, la proportion de femmes au sein des conseils municipaux est passée de 6 à 9,5%. Le véritable impact de cette campagne n'a été ressenti qu'au moment des élections municipales de 1971, lorsque cette proportion a atteint 15%. Selon Hege Skjeie (1992), qui a consacré une étude à la place des Norvégiennes en politique, ces élections représentent le prémisse d'un changement dans la vie politique du pays. Les femmes ont obtenu la majorité au sein de trois conseils municipaux, dont celui de la capitale, Oslo. Skjeie constate que les années 1970 ont marqué la percée des femmes au sein des instances politiques, aussi bien sur le plan local que national, puisque leur proportion, jusqu'alors inférieure à 10%, a atteint 20 à 25% pendant cette période. (Skjeie 1992 : 144).

Pour sa part, Janneke van der Ros (1994) qualifie les années 1970 en générale de « période politique agitée » pour la Norvège. La question de l'entrée du pays dans la CEE plongea ses habitants dans d’importants débats politiques. Les femmes étaient particulièrement opposées à l’adhésion à la CEE, car elles craignaient la perte de l'égalité juridique qu’elles avaient déjà obtenues. En 1972, 51% des Norvégiens s'opposèrent par voie de référendum à l'entrée de leur pays dans la CEE. Selon J. van der Ros, il n'a plus été possible par la suite de sous-estimer l'importance des Norvégiennes sur la scène politique. Elle constate par ailleurs que, de la fin des années 1970 jusqu'au début des années 1980, le nouveau mouvement féminin norvégien a réussi à imposer de nouveaux problèmes, jusqu'alors considérés comme étant du ressort de la sphère privée, à l'ordre du jour politique.

Les Norvégiennes ont également réussi à s'imposer au sein des partis politiques. Au cours des quinze dernières années, les principaux partis ont été le Parti Travailliste (social-démocrate) et le plus modeste Parti Socialiste pour la gauche, le Parti Conservateur et son dauphin le Parti Progressiste pour la droite, et enfin le Parti Centriste et le Parti des Chrétiens au centre. Les partis Travailliste et Conservateur sont les plus importants, puisque le premier a obtenu 38% des sièges au Storting, le second en totalisant environ 22%. H. Skjeie (1992) constate que, si l'on considère la tendance générale à une échelle internationale, les partis de gauche ont été plus enclins à intégrer des femmes dans leurs rangs même si, en Norvège, les partis de gauche et de droite présentent des politiques d'intégration assez similaires. Le nombre exact de femmes concernées diverge selon les partis mais tous, à l'exception du Parti Progressiste, ont considérablement intensifié leur politique d'intégration depuis les années 1970. Un système de quotas de genre a été adopté par le Parti Socialiste en 1975 et l'intégration des femmes a fait un véritable bond en avant au cours des années 1980 lorsque le Parti Travailliste décida de suivre l'exemple des socialistes en appliquant un système de quotas permettant aux femmes d'être présentes à tous les niveaux du Parti.

Les femmes ont également trouvé leur place dans les partis politiques au sein des sections qui leur sont réservées. L'histoire de certains de ces groupes remonte au début du XX° siècle. Selon H. Skjeie (1992), leur but était de former les femmes aux fonctions officielles et de défendre les intérêts des femmes. En favorisant la représentation des femmes et leur recrutement à des postes politiques, ces groupes ont joué un rôle important, même s'il faut reconnaître que la situation des femmes dans le monde de la politique n'a réellement changé que récemment, et ce malgré l’ancienneté de ces groupes en Norvège. Bien que les trois-quarts des parlementaires féminines aient un jour pris part aux activités de ces groupes, H. Skjeie constate que, aujourd'hui, seule une minorité de femmes s'engagent au sein des sections femmes de leur Parti.

En Norvège, les élections à la proportionnelle sont fondées sur des circonscriptions électorales à plusieurs membres et sur une représentation essentiellement territoriale. En règle générale, les femmes sont plus facilement désignées comme candidates, et donc élues, lors d’élections à la proportionnelle dans les circonscriptions à plusieurs membres que dans celles à un seul membre. Mais le système électoral norvégien est tel que les électeurs ne peuvent pas voter pour un seul candidat, ils doivent en choisir toute une liste désignée par un parti. Avec ce système, la procédure de nomination des candidats devient essentielle car elle décide de la place que ceux-ci occuperont sur la liste. C'est pour cette raison que des mesures ont été nécessaires pour encourager la nomination de femmes, et plus particulièrement leur classement à une place intéressante sur la liste de vote. Le Conseil de l'Egalité des Statuts et des organisations féminines ont mis au point des campagnes financées par le gouvernement. Selon H. Skjeie (1992), les campagnes dans ce sens sont plus efficaces quand elles précédent des élections locales qu’avant les élections nationales, et ce parce que, au niveau local, les électeurs peuvent influencer le choix des candidats sur les listes de vote et que les campagnes s'adressent à l'ensemble de l'électorat.

Parallèlement à la voie électorale, le secteur économique joue également un rôle important dans la vie politique en Norvège. Il recouvre les comités, commissions et autres conseils nationaux, qui constituent l'arène principale pour les négociations en matière de politique publique. Au sein de ce secteur, l'élaboration des politiques publiques est influencé par les fonctionnaires de haut niveau, les représentants des différents groupes d'intérêts et les experts. Le gouvernement nomme les membres de ces organismes. Selon H. Skjeie (1992), l'accès des femmes au pouvoir économique a été beaucoup plus ardu que pour l’espace politique, en raison de leur faible représentation à la tête des principaux groupes d'intérêt. Les organisations féminines ont également été difficilement acceptées en tant que partenaires de négociation légitimes. H. Skjeie note qu'en Norvège, les quotas mis en place par les partis politiques s'appliquent également aux Comités et Commissions publics, dans la mesure où la loi sur l'égalité des statuts prévoit un système de quotas (40/60) qui s’applique à tous les organismes publics, aussi bien sur le plan national que local. Malgré tout, la Confédération Norvégienne des Syndicats, l'un des acteurs les plus importants de l’espace économique, a depuis longtemps refusé d'adopter ce système de quotas. Ainsi, le succès des Norvégiennes en politique a aussi son revers de la médaille. (Skjeie 1992 : 76).

Les Norvégiennes font incontestablement partie de la vie politique de leur pays. En 1986, la Norvège a acquis une réputation d’Etat féministe, lorsque Gro Harlem Brundtland devint la première femme Premier ministre de l'histoire du pays. Près de la moitié des membres de son gouvernement étaient des femmes. Depuis, la proportion de femmes au sein des différents gouvernements s'est toujours située entre 33% et 50%. En 1991, la moitié des dirigeants des principaux partis politiques étaient des femmes. Par conséquent, les trois candidats au poste de Premier ministre 1993, étaient des femmes. Cette même année a vu la plus large proportion de femmes jamais élues au Storting, soit environ 40%. Le gouvernement formé après ces élections était composé à 42% de femmes. De plus, c'est une femme qui a été choisie pour être Président du Storting, le deuxième personnage le plus important après le roi, d’après la constitution norvégienne. En 1997, le parlement norvégien était constitué à 39,4% de femmes, ce qui est le deuxième taux le plus élevé au monde derrière celui de la Suède (40,4%).

Ces quelques chiffres montrent bien que la présence des Norvégiennes au sein des institutions politiques officielles est bien supérieure à ce que l'on rencontre dans le reste du monde. Des femmes membres à part entière de l'élite politique, c'est un phénomène que les Norvégiens considèrent aujourd'hui comme parfaitement normal et, comme le précise le Conseil de l'Egalité des Statuts, « un gouvernement composé de moins d'une moitié de femmes semblerait étrange et non conforme à la démocratie. »

Mais comment les Norvégiennes ont-elles réussi à intégrer le système politique de leur pays? Selon H. Skjeie (1992), la place des Norvégiennes en politique s'explique par un contexte généralement favorable (représentation proportionnelle et compétition multi-partite), un activisme politique et une culture politique réceptive à l’idée de la parité. Dans un système électoral à la proportionnelle, une femme qui se présente n'est pas la seule candidate dans une circonscription donnée; ainsi les chances pour une femme d'être désignée comme candidate sont plus élevées que pour une élection à la majorité dans des circonscriptions uninominales. Le système à la proportionnelle favorise également la compétition entre différents partis au sein d'une même circonscription. Il peut en résulter un système de compétition dans lequel un parti donne l'exemple en favorisant la participation des femmes, ce qui obligerait les autres partis à faire de même s'ils ne veulent pas perdre les voix des électrices.

H. Skjeie (1992) insiste également sur le fait que la place des femmes dans le paysage politique norvégien actuel n'est pas seulement due à ce contexte favorable, mais aussi pour une large part au nouveau et puissant mouvement féministe apparu en Norvège à la fin des années 1960. Elle précise que l'intégration des femmes en politique était un objectif essentiel de ce mouvement. Celui-ci a également participé à la revitalisation des organisations féminines et une alliance inédite s'est formée entre les groupes féminins des partis politiques et les groupes n'appartenant pas aux institutions politiques officielles. Le but de cette alliance était d'accroître le nombre des femmes dans la politique et pour ce faire, elle a organisé des campagnes spéciales afin d'augmenter le nombre de candidates aux élections. Comme nous l'avons déjà noté, la participation des femmes au niveau local et national s'est améliorée grâce à de telles campagnes.

Selon H. Skjeie (1992), la reconnaissance de la dimension sexuée de la réalité sociale en tant que catégorie politique légitime constitue le troisième facteur marquant de la politique norvégienne. C'est ce que l'on pourrait appeler une « culture politique réceptive », qui a permis aux femmes de défendre l'idée de leur représentation en politique. En Norvège, des principes rigoureux de justice, d'égalité et de solidarité sont largement encouragés et c’est dans ce contexte générale que le principe de « représentation descriptive » des femmes par des femmes a été accepté. Cela signifie que la tradition de représentativité sociale est profondément ancrée dans la société norvégienne et que les assemblées parlementaires reflètent en moyenne plus justement la composition de la société que bien d’autres Assemblées nationales en Europe. L'idée selon laquelle les femmes doivent être représentées par des femmes a été plus facilement accepté en Norvège que dans la plupart des autres pays occidentaux. Lorsque des campagnes spécifiques ont été lancées pour intensifier la participation des femmes en politique, de nouveaux arguments pour atteindre cet objectif ont également fait leur apparition. L’idée selon laquelle les intérêts politiques des citoyens et citoyennes puissent diverger en fonction de leur sexe s’accompagne de l’idée d’une différence fondamentale entre les sexes. La différence entre les sexes commence ainsi à être considérée comme pertinente et comme une caractéristique de plus en plus essentielle au niveau de la représentation en politique. La représentation des femmes par les femmes devint nécessaire à cause de la complémentarité de leurs ressources et du conflit de leurs intérêts avec ceux des hommes. Le succès de cette approche s'explique par le fait que les femmes n'ont pas précisé quels intérêts ou expériences étaient complémentaires ou antagonistes vis-à-vis des intérêts masculins. Ces deux conceptions de la différence des femmes (complémentarité vs conflit) ont également donné lieu à deux idéologies politiques divergentes - les partis de gauche adoptèrent l'argument du conflit, alors que ceux de droite, plus conservateurs, préférèrent l'idée des ressources complémentaires. Dans les deux cas, l'idée de la différence des femmes et de leurs expériences et intérêts communs a donné une certaine légitimité aux femmes en tant que groupe nécessitant une représentation adaptée.

La participation des femmes s'est considérablement renforcée au début des années 1980, lorsque de nouveaux partis ont adopté les quotas mis en place par les socialistes dans les années 1970. Après des débuts très controversés, ces quotas sont largement acceptés aujourd'hui. Quatre des six principaux partis ont adopté des systèmes de quotas pour les sélections de candidat-e-s et pour les nominations à tous les postes des partis. A la suite du gouvernement de 1986 formé par Gro Harlem Brundtland, de nouveaux partis conservateurs sont arrivés au pouvoir et ont formé un gouvernement de coalition. Aucun de ces partis gouvernementaux n'avait officiellement adopté de système de quotas, mais tous se sont comportés comme si c'était le cas. Le système des quotas a permis de renforcer la participation des femmes à la vie politique norvégienne, mais depuis qu'elles sont considérées comme un groupe politiquement pertinent qui mérite d'être représenté au sein de toute société démocratique, les quotas n'ont cessé de perdre de leur importance.

Il existe cependant une autre facette de l'histoire de la participation des femmes à la vie publique en Norvège. H. Skjeie (1992) précise que les explications précédentes du succès des femmes négligent les différentes tendances et évolutions dans les différentes sphères publiques. Si l'on considère l'intégration des femmes à la sphère économique, le tableau est très différent. Dans ces sphères où fonctionnaires, experts et dirigeants de groupes d'intérêts organisés se rencontrent, la participation des femmes est beaucoup plus faible que dans la sphère électorale. H. Skjeie (1992) s’interroge sur l’absence d’une influence équivalente des caractéristiques de la vie publique norvégienne mentionnés ci-dessus sur le champ économique. Elle remarque que le choix de représentants dans ce milieu repose davantage sur les « mérites » établis selon des critères autres que la représentativité. En 1989, seulement 3,3% des dirigeants d'associations professionnelles étaient des femmes. En 1990, seuls 10,9% des hauts fonctionnaires étaient des femmes. Les universitaires, souvent appelés à jouer le rôle d'experts, sont une majorité d'hommes: en 1991, les femmes ne représentaient que 7,2% des professeurs d’université. Le système des quotas instauré par la loi sur l'égalité des statuts devaient s'appliquer à toutes les instances publiques, mais ce dernier a connu un plus faible niveau de mise en application dans la sphère économique par rapport à la sphère politique. H. Skjeie pense que cela peut s'expliquer par le fait que les postes de direction sont beaucoup moins nombreux au sein des organismes économiques. Dans le cas de la Confédération des Syndicats, qui a depuis longtemps rejeté le principe des quotas, les individus sont en général nommés à un poste de direction jusqu'à leur départ à la retraite. L’augmentation du nombre de femmes à ce type de poste impliquerait alors la démission ou la retraite anticipée des hommes en poste. Suite à la pression croissante exercée par ses membres féminins toujours plus nombreuses, la confédération a accepté, à l'occasion de sa Convention nationale de 1985, d'appliquer des quotas limités à ses commissions consultatives internes. Cependant, il a été constaté, fin 1987, que cette décision n'a amené aucun changement au sein des commissions. Sous la pression publique, le problème a été résolu en augmentant le nombre total de membres des commissions, ce qui a permis d'y intégrer un certain nombre de femmes. (Skjeie 1992).

La Norvège est un Etat Providence nordique dans lequel « l'Etat a pris la relève des hommes à titre individuel en ce qui concerne la protection des femmes », conclut van der Ros (1994 : 530). Les femmes sont étroitement liées à l'Etat, d’abord en tant que clientes des services sociaux, ensuite en tant qu'électrices qui donnent une certaine légitimité aux politiques publiques et, enfin, en tant qu'employées du service public, puisque 45% des femmes travaillant hors de chez elles sont employées dans le secteur public et que 70% des personnes travaillant pour l'état sont des femmes. Malgré l'importante intégration des femmes dans le système politique, van der Ros partage l’avis de Helga M. Hernes, une politologue féministe norvégienne, qui considère la Norvège comme un Etat protecteur et patriarcal encore largement dominé par les hommes. Selon H. M. Hernes, les femmes ne sont pas les instigatrices de la politique sociale, elles en sont l'objet. Ainsi, les valeurs et priorités politiques sont déterminées par les hommes. Ce qui nous amène à nous demander si les femmes ont changé la politique de la Norvège, et si oui, comment?

Selon H. Skjeie (1992), « la culture politique norvégienne a incontestablement changé au cours de la dernière décennie » (1992 : 128). Les Norvégiennes ont réussi à imposer le genre comme catégorie politique pertinente leur permettant d'être représentées au sein des instances nationales de décision. Le souci d'une composition sexuée équilibrée des différentes commissions nationales a été reconnu dans le monde politique norvégien depuis une vingtaine d’années. La participation des femmes en politique a également renforcé l'intérêt porté par l'Etat à la situation des femmes. Différentes politiques sociales ont été mises en place afin de faciliter la conciliation entre travail et famille: le nombre de crèches a presque doublé au cours des années 1980, les congés parentaux ont été rallongés et désormais, les pères sont obligés de prendre un congé parental d'une durée d’au moins quatre semaines.
5.2.5 Espagne

Maria Teresa Gallego Mendez (1994), professeur en Sciences Politiques à l'Université Autonome de Madrid, écrit que l'accès à la démocratie n'a pas été facile en Espagne. Pendant le gouvernement du Général Primo de Rivera qui a débuté en 1923, les femmes espagnoles ont participé aux institutions politiques pour la première fois. L'Assemblée Nationale Consultative (Cortes Generales), nommée par Primo de Rivera, comportait 13 femmes sur un total de 385 sièges. Toutes ces femmes étaient d’origine bourgeoise ou aristocrate. La Seconde République espagnole, avec un régime laïque, libéral et progressiste, a mis un terme à la dictature du Général Primo de Rivera. Ce régime a également permis aux femmes d'être nommées à des postes de l'État et par conséquent, trois femmes participaient à l'Assemblée Constituante de 1931. A cette époque, les femmes espagnoles n'avaient toujours pas obtenu le droit de vote, ce qui a lancé un grand débat sur le droit de suffrage des femmes. On considérait que les femmes avaient des opinions politiques conservatrices largement influencées par l'église catholique, ce qui a amené les partis de gauche, en général plus favorables à l'entrée des femmes en politique, à s'opposer au droit de vote des femmes. Malgré de telles réserves, le droit de vote des femmes et le principe de l’égalité entre les sexes ont été inscrit dans la Constitution de 1933, date à laquelle les femmes espagnoles ont pu voter pour la première fois. (Gallego Mendez 1994).

La guerre civile espagnole a débuté en 1936 et a duré trois ans. Les femmes y ont participé dans les deux camps. Du côté républicain, les organisations de femmes de gauche se sont mobilisées contre le fascisme. Les groupes de femmes catholiques, en particulier la Section Féminine (Seccion Feminina) de la Phalange s'est alliée au parti dirigé par le Général Francisco Franco, qui a mené les forces fascistes dans la guerre contre les républicains. La Section Féminine était la première organisation de masse de femmes en Espagne. Elle soutenait le rôle traditionnel des femmes et les valeurs catholiques, mais, sous Franco, il représentait la seule possibilité d’expression des questions de femmes. Deux de ses responsables ont été nommées au parlement franquiste, entité consultative créée en 1943. Jusqu'en 1975, treize femmes ont été nommées députées. En 1968, quelques femmes ont également été nommées maires. Pourtant, comme l'indique Celia Valiente (1995), le régime franquiste était « un régime de droite autoritaire activement opposé à l'évolution des droits et du statut des femmes ». La dictature de Franco a duré de 1939 jusqu'à sa mort en 1975.

Les organisations clandestines sont apparues dans les années 1960 dans le but de retrouver la démocratie et les droits et libertés refusés tant aux hommes qu'aux femmes pendant la dictature de Franco. La plupart des associations de femmes participant à ces activités étaient culturellement et professionnellement engagées. Elles ont jouer un rôle important pour introduire et répandre de nouvelles idées à la place des idéaux national-catholiques franquistes de femmes uniquement consacrée à la famille. Deux semaines seulement après la mort de Franco, le premier congrès féministe s'est tenu à Madrid du 6 au 8 décembre 1975. Il a été organisé secrètement et son but était d'opposer les positions gouvernementales à l'Année Internationale des Femmes proclamée par les Nations Unies. Plus de 500 femmes participaient à ce rassemblement, qui était en même temps le premier rassemblement politique ayant lieu en Espagne après le régime franquiste. Gallego Mendez (1994) signale que cet événement a été négligé dans l'histoire politique espagnole. Le Front de Libération de la Femme (Frente para la Liberacion de la Mujer) a été créé en 1976 et les premières Journées de la Femmes (I-Jornadas de la Dona) ont été organisées à Barcelone. Près de 4000 femmes ont participé à ces journées, ce qui a permis la création dans les mois suivants de plusieurs groupes féministes. La plupart de ces groupes étaient en étroite relation avec les partis de gauches plus concernés par les revendications des femmes. Selon Gallego Mendez (1994), ce type de contexte politique a permis d'intégrer la lutte pour le droit des femmes au processus général de transition à la démocratie. (Gallego Mendez 1994 : 661).

En 1977, les partis politiques sont légalisés et des élections générales sont organisées en Juin. Un nombre important de partis et plus de 5000 candidats dont 653 femmes sont en lice pour conquérir les 350 sièges du Congrès des Députés. 21 femmes sont élues, soit 6% des députés au total. Au Sénat, les femmes obtiennent 6 sièges sur 248, soit 2,4% des élus. Selon Gallego Mendez (1994), même si les femmes n'ont pas obtenu beaucoup de sièges au parlement espagnol, les élections ont fourni une voie de communication efficace pour les groupes féministes avec l'aide des médias de masse. En 1979, une deuxième conférence féministe nationale s'est tenue à Grenade avec la participation d'environ 4000 femmes. L'activisme féministe a encore été très présent en Espagne jusqu'à 1979. Cela ne reflète pourtant pas la participation des femmes dans les institutions politiques officielles. En 1979, comme pour les élections de 1982 et 1989, les femmes obtenaient environ 6% des sièges au Congrès des Députés. Pendant ces mêmes années, la proportion de femmes au Sénat a varié entre 2,4 et 5,6%. (Gallego Mendez 1994).

Le système électoral espagnol est basé sur le vote de liste et non sur une candidature unipersonnelle. Les femmes occupent normalement les positions en fin de listes, où il est beaucoup plus difficile d'être élu. Le principe "les femmes votent pour les femmes" ne peut s'appliquer que pour les élections du Sénat où le système électoral est plus ouvert. (Gallego Mendez 1994).

En 1982, le parti socialiste (PSOE) a gagné les élections et la majorité dans les deux chambres du parlement, ce qui a marqué la fin de la période de transition. Selon Gallego Mendez (1994), le gouvernement de la majorité socialiste a créé de nouveaux espoirs pour l'amélioration de la situation politique des femmes, mais malgré les grands changements dans la composition du parlement, la représentation des femmes n'a pas augmenté. L'intégration croissante des femmes aux partis politiques et aux institutions politiques officielles en Espagne a seulement commencé vers la fin des années 1980 lors de la mise en place des quotas sur les genres. Le Parti Socialiste Espagnol (PSOE) a proposé un quota de 25% en 1987. Après l'imposition des quotas, grâce à l'organisation fédérale du PSOE, la représentation des femmes au sein des bureaux des partis a augmenté dans les Communautés Autonomes, la proportion de femmes dans les comités exécutifs régionaux est passé de 8,1 à 22,4%. Le pourcentage de femmes membres du parti socialiste a également augmenté de 16 à 21,1% en 1991. Dans un autre parti important, le Parti Populaire (Partido Popular, PP) le taux de femmes en 1991 avoisinait les 30%. (La mujer en cifras 1992 : 58-59).

La mise en place du système de quotas a également eu des conséquences sur les élections législatives de 1989. Le pourcentage de femmes candidates au Congrès des Députés est passé de 21,8% en 1986 à 30,5% en 1989. Le taux des candidates femmes au Sénat a également progressé de 15 à 23,9%. Lors des élections de 1989, le pourcentage de femmes élues aux deux chambres du parlement espagnol a atteint pour la première fois la barre des 10%. En comparaison avec les élections précédentes, la proportion de femmes a doublé, elle est de 14,6% des sièges au Congrès des Députés et de 10,8% au Sénat. Aux dernières élections législatives de 1996, le PSOE qui avait gouverné depuis 1982 a perdu contre le PP, mais les femmes espagnoles n'ont cessé de progressé: elles ont obtenu 25% de représentation au Congrès des Députés et 13% au Sénat.

Selon les statistiques de l'Institut de la Femme (Instituto de la Mujer, IM), l'augmentation de la représentation des femmes aux parlements des Communautés Autonomes n'est pas nette, et il existe encore de grandes différences selon les régions. En moyenne, les femmes représentaient 6% des sièges de ces parlements. En 1991, la proportion de femmes a atteint les 14%. En 1991, les femmes ont obtenu 20% de représentation au parlement de Madrid, de La Rioja et des Asturies, mais les parlements des Canaries, de l'Aragon, Cantabrique et Castilla-Leon, la proportion de femmes était encore inférieure à 10%. (La mujer en cifras. 1992 : 60).

Dans les Communautés Autonomes, le gouvernement de Murcie est le seul qui compte une femme présidente. Six Communautés Autonomes ne comptent aucune femme à la tête des postes exécutifs. Dans l'administration locale, au niveau municipal la participation des femmes a doublé depuis 1983 où 164 femmes étaient maires (alcaldesas) pour atteindre 393 en 1991. Mais ces chiffres sont encore très bas, la proportion de femmes maires n'étant que de 4,2% en 1991. De même, le nombre de femmes à la tête des conseils municipaux varie beaucoup selon les régions, en 1991, le Pays Basque était la Communauté Autonome comptant le plus de femmes maires avec 9,3% et les Canaries avaient le taux le plus faible avec 1,2%. (La mujer en cifras. 1992 : 60).

Depuis 1982, la proportion de femmes aux postes exécutifs de l'administration centrale a légèrement augmenté. Aujourd'hui, l'Espagne compte trois femmes ministres, trois femmes secrétaires d'état et trois femmes vice-secrétaires. Mais, la plupart des femmes occupent encore des positions plus modestes de l'administration. Plus de 40% des employés de l'administration sont des femmes, mais les postes importants ne comportent que 24,4% de femmes et 12% seulement des directeurs généraux (directores generales) étaient des femmes en 1991. Outre cette hiérarchie verticale, il existe également une division horizontale entre les sexes. En effet, les femmes sont généralement nommées dans les Ministères de la Culture, des Affaires Sociales et de l'Éducation. En 1991, ces ministères employaient le plus grand nombre de directeurs généraux femmes. Au Ministère des Affaires sociales, 28,6% des directeurs généraux étaient des femmes, 27,3% au Ministère de la Culture et 22,2% au Ministère de l'Éducation et des Sciences, alors que les Ministères de la Justice et de la Défense n'accueillent aucune femme au poste de directeur général. (La mujer en cifras. 1992 : 62).

Selon Gallego Mendez (1994), l'intégration des femmes à la vie politique publique en Espagne a commencé tard et a été beaucoup plus lente que leur participation aux autres sphères sociales en dehors du foyer. (Diez 1994). Pendant la dictature du Général Franco, il n'existait aucun bureau politique et personne n'a pu acquérir d'expérience politique, les femmes auraient donc pu intégrer la politique officielle au même niveau que les hommes mais cela n'a pas été le cas. Qu'est ce qui a empêché les femmes espagnoles de participer à la vie politique? Gallego Mendez (1994) répond qu'après 40 ans de dictature, il n'y avait pas de culture de politique démocratique en Espagne et beaucoup d'espagnols, en particulier les femmes, se méfiaient du système politique (patriarcal). Dans ce contexte, les femmes espagnoles étaient confrontées au dilemme entre agir dans le domaine politique officiel ou choisir de rester en marge de la sphère institutionnelle. Plusieurs programmes et déclarations féministes ainsi que des revendications faisaient partis des calendriers des femmes dès le début de la période transition vers la démocratie, mais différentes opinions s'exprimaient sur les moyens d'atteindre ces objectifs communs. Ces opinions divergentes ont créé un désaccord entre les partisans des organisations féministes autonomes et les partisans de l'intégration aux organismes politiques officiels. Au cours des Journées de la Femme à Grenade en 1979, les participantes n'ont pu trouver aucun accord sur les stratégies à mettre en place, les divergences devenant de plus en plus grandes. Outre cette division, le mouvement féministe espagnol avait, selon Gallego Mendez, des idées " immatures et utopiques" sur les moyens de changer la société. L'intégration des femmes aux institutions politiques officielles n'était pas un des objectifs essentiels, un des slogans célèbres du mouvement féministe prônait au contraire "dites non au pouvoir, le féminisme est autonome". Même les femmes favorables à l'idée d'agir dans le domaine politique officiel n'exerçaient aucune pression pour que les femmes occupent de meilleures positions sur les listes électorales ou pour une représentation égale dans les institutions politiques. (Gallego Mendez 1994 : 665).

Le congrès national féministe qui s’est tenu à Grenade en 1979 a soulevé un nouveau dilemme, faut-il prôner l'égalité des femmes ou leur différence par rapport aux hommes. Différentes opinions sur cette question fondamentale ont mené à une fragmentation croissante du mouvement féministe espagnol. Gallego Mendez (1994) conclut que ces divisions ont rendu difficile la coopération entre les femmes appartenant au système politique et les femmes des organisations féministes indépendantes, et seuls quelques sujets, tels que le droit à l'avortement et la lutte contre les violences sexuelles ont permis aux différents groupes féministes de mener des actions en commun.

En 1984, lors de l'enquête menée par le Centre de Recherche Sociologique, 92% des femmes et 85% des hommes ont déclaré n'avoir jamais adhéré à un parti politique. Plus récemment, les études de l'Institut de la Femme prouvent encore que les femmes s'intéressent peu à leur participation aux partis politiques. (Gallego Mendez 1994 : 670). Seules 3,2% des femmes espagnole étaient membres d'un parti politique au début des années 1990. De plus, une femme sur cent seulement déclarait vouloir participer à la vie politique. Pourtant, l'adhésion des femmes aux partis politiques a augmenté ces dernières années. Les jeunes femmes diplômées, vivant dans des zones urbaines et supportant les idées de gauche sont les plus concernées par les activités politiques. (La mujer en cifras. 1992 : 64). Il est donc possible que ces jeunes femmes fasse bientôt partie de la vie politique en Espagne.

Le nouveau mouvement féministe en Espagne est apparu peu après la mort de Franco en 1975, cette période a vu de nombreuses femmes engagées dans les mouvements féministes. Cet activisme n'a pourtant pas été suivi de l'intégration des femmes à la politique officielle pour les raisons citées précédemment. Ces débats sont toujours d'actualité, mais les attitudes ont changé, et comme nous l'avons vu, les femmes espagnoles ont progressé dans la vie politique au cours de la dernière décennie. Le gouvernement socialiste des années 1980 et les femmes qui y participaient ont contribué à cette évolution.(La mujer en cifras 1992). Leur politique ont permis d'intégrer les questions sur l'égalité des genres dans le calendrier politique en Espagne.





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