juin 22, 2016

Les Rites Du Mariage à Haha Regient Saouira


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Chez nous , on emmène chez elle la mariée à dos d’une jument blanche conduite par son propriétaire qui doit toujours prendre sa droite et s’arrêter devant l’arganier sacré, le mausolée d’un saint ou le cimetière pour que la mariée les salue en inclinant sa tête trois fois. Il est le guide et la main du Destin.
1/Chants encore à l’intérieur de la maison parentale : 
« Bismi llahi arrahman ourhim , anzwar ismawn n rbbi. »
« Wa y illi wa dak our tallati, istmam ghid wala ghine. »
« Way illi wa dak our tallati , istmqam kadam ak issoutouln. » 
Au nom de d’Ahhah le clément et le miséricordieux , nous commençons par les noms de Dieu
Ô ma fille ne pleure pas, tes soeurs ici et là-bas.
Ô ma fille ne pleure pas, il n’y a que tes soeurs autour de toi. 
2/Au moment où on découvre ses cheveux pour lui mettre du henné : 
« aggamd ayd mmi ikrm lhal ,ad tzrimt azzar our yagh l3ar. »
Montrez-vous , celles qui disent qu’il fait froid pour voir les cheveux sans défaut !
Souvent lorsque les mères disent à leurs filles de se laver leurs cheveux, elles disent qu’il fait froid pour ne pas le faire par paresse. 
3/Au moment où elles l ‘habillent : 
« akhiat ay akhiat , hidi timelsa ! »
" Tailleur ô tailleur, touche les robes!" 
4/Au moment de lui mettre ses nouvelles chaussures , elles appellent son frère pour le faire et doit y mettre une pièce d’argent neuve : 
« agmas n tislit , allas adoukou,d oudrim ljdid ma ggis i ttiline ! » 

Ô frère de la marié, mets lui sa chaussure , mets-y la pièce d’argent neuve ! 
5/Au moment où elle va quitter la maison parentale : 
« baba wala inna qabltn a rbbi ! »

« sadmr ay illi ;

nâam ay inna mad iyi tnnit ?

Ouhouy ay illi, ourd nkkin ay ghran, larzaq ay ghrane » 

Mon père et ma mère , garde-les ô Dieu !

Réponds ma fille ;oui , ma mère, que me veux-tu ?

Non ma fille , ce n’est pas moi qui ai appelé , mais c’est le Destin qui a appelé ! 
Un homme fort la prend dans ses bras , la fait sortir et la fait monter sur la jument blanche aidé par son propriétaire.

On fait monter derrière elle un garçon, souvent son propre frère . Elles chantent ensuite et ces chants sont des consignes dites par les femmes de ce qu’il faut faire. Ce sont elles qui sont la voix du Destin , dictent sa volonté et montrent son droit chemin : 
« zouwrat ayd bou lkmami, ggouramt ayd mmn t3mmamine ! »
Avancez en premiers ceux qui portent lkmami , couteaux ciselés en argent portés par les hommes libres par rapport aux esclaves . 
Restez en arrière, celles qui portent des foulards ! 
« tggoul tslit our zraygh , ghir igh koullou zrine ayddari . » 
La mariée a juré de ne pas passer , tant que tous ses proches ne sont pas encore passés, un ordre en chant pour dire à tout le monde de quitter la maison et de suivre la mariée. 
Ces chants orchestrent les faits et gestes de l’assistance. 
Elles disent de nouveau comme un dernier adieu aux parents : 
« baba wala y inna , qabltn ar rbbi ! » 
Mon père et ma mère , garde-les ô Dieu ! 
« inna yam babam , ay illi ad our tallat mahd our iqqour ifrig lmdint flla ! »
Ton père te dit ma fille, ne pleure pas tant que les branches (d’arganier) n’ont pas séchées sur moi au cimetière.
On a l’habitude chez nous de couvrir les tombes de branches d’arganiers aux épines acérées pour en éloigner les animaux sauvages. C’est pour lui dire que tant qu’il est vivant , elle n’a peur de rien , peut la protéger et ne doit donc pas pleurer. 
6/Hors du village , les femmes se taisent et c’est la troupe des danseurs d’ahwach qui prend le relais . 
7/Lorsqu’ils entrent au village où ils emmènent la mariée, elles reprennent leurs chants : 
« illis mmit ayad d niwi , illis oumghar n iqbilne ! » 
La fille de qui nous amenons ? La fille de l’Amghar , du chef, des tribus. 
« atbir ayad d niwi, lhourma nnoun at our toutm, wala tmdim as ! » 
C’est la colombe que nous amenons , nous vous supplions de ne pas la frapper ou l’arrêter ! 
8/A l’intérieur du village, en voyant celles qui les regardent en cachette de derrière les portes ou des terrasses : 
« akhtine d ougganine, akhttine ourrinine , adoukou ad niwi gh mrrakch ! »
Ô celles qui regardent, celles qui se cachent , c’est la chaussure de Marrakech que nous apportons ! 
9/En s’approchant de la maison du marié : 
« a gmas iy isli ,inine i gmak ay ssou lfrach, igine imensi ! » 

Ô frère du marié , dis à ton frère de meubler la pièce et de préparer le dîner ( pour la mariée) ! 
10/Si la famille du marié ne manifeste pas bien sa joie par des youyous et des chants: 
« a dagh iml rbbi is serngh our tfrhm , nzra id mrhba drousn » 
Dieu nous montre que vous n’êtes pas heureux de nous accueillir , vos bienvenues ne sont pas nombreuses. C’est une manière de donner la parole aux femmes du côté du marié. 
11/les femmes du côté du mari , répondent aussitôt en chantant :
« mrhba bikoum , gma tngh ikrz irdn gh ou zaghar » 
Soyez les bienvenus, notre frère a cultivé du blé dur à la plaine. 
12/Arrivées au seuil de la maison , elles invitent la mariée à descendre. 
En réalité , elle ne met pas pied à terre , un homme la prend dans ses bras :
« gid adar ay illi, gid afus, a tkchmt tigmmi nnem slkhir ! » 
O ma fille avance le pied et la main pour entrer dans ta maison avec du bien ! 
« ay ayt tgmmi , adagh diwn ister rbbi ! » 
O propriétaire de la maison , que Dieu nous garde ensemble !( pas seulement les humains mais les esprits aussi). 
13/Arrivées à l’intérieur de la maison , elles s’adressent au marié qui se trouve sur la terrasse de la chambre réservée pour la mariée : 
« louhd ay isli louz iqimni ! » 
O marié, jette de bonnes amandes ! 
Effectivement, il commence à jeter de la terrasse , des amandes, des noix, du raisin, des dattes, des figues sauf l’argent qui est supposé apporté par la mariée dans ses chaussures. 
14/La mariée toujours entre les bras d’un homme, elle frappe la porte de la chambre du pied pour l’ouvrir, celui qui la porte la referme d’une main, puis elle lui donne un deuxième coup , notre homme la referme de nouveau, puis elle lui donne un troisième coup. 
15/C’est alors que le marié jette d’en haut la natte sur laquelle il est assis. 
16/La pièce est vide et n’est pas meublée à part tissi , un lit suspendu , élevé d’un mètre environ, fait de poutres qui vont d’un mur à l’autre auxquelles sont attachées par des cordes de feuilles de palmier nain ou doum des poutrelles et auxquelles sont attachés également des roseaux .On met par dessus une natte , un tapis , des peaux de moutons avec leur laine moelleuse et des coussins. 
J’adore y dormir car en bougeant , ces roseaux me font comme du massage et leur crissement chatouillent mes rêves. 
17/Seule la mariée, l’homme qui la prend entre les mains de la famille du marié et un jeune adolescent de la famille de la mariée, de préférence son frère , ont le droit d’y entrer les premiers. 
Le jeune homme étend sur tissi la natte jetée de la terrasse par le marié. 
Les femmes chantent à l’intérieur avant qu’on apporte de quoi meubler la pièce. 
18/Les femmes du côté de la mariée chantent : 
« ha ididi nmm a tislit . » 
Voici ton ididi , ô la mariée ! 
Les femmes du côté du mari : 
« Ha ididi nk , ay isli ! » 
Voici ton ididi ô marié ! 
Ididi , c'est l’équivalent du bruit sourd de la danse des pieds sur le sol. On dit que la mer ou le tonnerre ar isddidiy, ils émettent un bruit sourd comme celui d'un tremblement de terre. 

19/Une fois la mariée déposée sur tissi sur laquelle ils ont mis la natte du marié , un tapis et une peau de mouton et des coussins, l’homme du côté du marié lui prend le burnous qu’elle porte et le jeune homme de sa famille lui enlève le turban au dessus de sa tête , le bouquet de basilic qui s’y trouve au milieu et lkmmiyt , le couteau d’homme qu’elle porte aussi. 
Elle se trouve ainsi désarmée. 
Il fait sortir le couteau de son fourreau et coupe une mèche de la partie droite de la frange de la mariée , la met dans son sac et la garde précieusement. 
Tout ce rituel est une véritable initiation à la vie du couple et la moindre erreur peut coûter cher aux jeunes mariés et à leurs familles. Les jalouses, si jamais elles tombent sur la moindre chose appartenant à la mariée , elles lui jetteront avec un mauvais sort. 
20/Ce jeune homme fait alors le tour de la pièce pour donner à chaque femme une feuille de ce bouquet de basilic mais aucune d’elle n’a le droit de le toucher ou de lui piquer une feuille, ce qui causera la maladie de la mariée .Il a le droit de frapper celle qui oserait le faire. Il garde toujours le couteau qu’il a enlevé à la mariée. 
21/Une fois qu’il a terminé, il met les tiges de ce bouquet entre le bois du plafond de la pièce. 
22/Arrive alors le plat de la mariée : du couscous sans sauce , avec des raisins, des pois chiches, de la viande , particulièrement le gigot du mouton dont l’os doit rester intact et tout au dessus des fruits secs, lfakit : amandes noix etc.. 
23/Celui qui le prend , en entrant dans la pièce , doit faire chaque pas au son d’un youyou de femme , sinon , il s’arrête net, comme un automate, jusqu’à le déposer devant la mariée
24/ L’homme qui l’a portée et son compagnon le jeune homme, comme ses gardes du corps ou serviteurs, en mangent les premiers comme une récompense. 
25/Ensuite, le jeune homme distribue alors ce repas pour les femmes à l’intérieur et pas à celles qui sont à l’extérieur.Il donne à chacune sa part dans son assiette. 
26/L’os du gigot, il le garde et va le mettre avec les tiges du bouquet du basilic entre le bois du plafond.

Le basilic symboliserait la femme, la fécondité et l’os l’homme. 
De nouveau aucune femme ne doit toucher au jeune homme ou au plat qu’il porte au moment où il distribue seulement aux femmes et aux enfants se trouvant dans la pièce , le couscous de la mariée. 
27/Le lendemain, « aroukou » , l’ensemble des présents apportés par la mariée , est déposé devant sa chambre. De nouveau ,celle-ci est vidée de ses meubles. 
28/C’est de nouveau l’homme qui l’a portée et son jeune compagnon qui doivent le faire entrer dans la pièce sous les youyous des femmes à l’extérieur de la pièce.
Les hommes et les femmes divorcés ne doivent pas toucher aux effets de la mariée pour ne pas lui porter malheur. 
29/Une fois qu’ils ont terminé , on leur donne tawllit , une galette de pain .L’un d’entre eux la fixe , comme un miroir à un clou au mur puis la détache et en donne une miche pour chaque femme dans la pièce .Les femmes entrent dans la pièce une fois qu’ils ont tout préparé.

De nouveau , aucune ne doit toucher celui qui distribue ces miches de pain au risque de porter malheur à la mariée et de la rendre malade. 
30/Au septième jour , elles l’emmènent puiser de l’eau du puits. 
31/Avant d’y aller , elles préparent lbsis, un mélange de farine cuite , toummit, grains d’orge secs torréfiés et écrasés ou azenbou, grains d’orge verts fumés dans un couscoussier avec de l'origan(azouknni) , asséchés au soleil puis torréfiés et écrasés, qu’on mélange avec de l’huile d’argan et du miel .Ces ingrédients sont apportés par la mère de la mariée et le marié fournit le seau neuf ou doit se faire ce mélange et servir après pour puiser de l’eau du puits.

La mariée mélange symboliquement lbsis par son petit doigt. 
32/Sur le chemin vers le puits , les femmes se divisent en deux groupes et se répondent en chantant : 
1/ « mani gh tlla targa w amane ? 
Où se trouve le ruisseau , le canal ou le conduit de l’eau ? 
2/ « yagh iyi fad tizammarine » 
Mes brebis ont soif ! 

33/La mariée puise de l’eau du puits aidée par le jeune homme.Elle se lave la main droite et le pied droit d’abord ensuite la main gauche et le pied gauche. 
34/On distribue alors lbsis, une cuillère pour chaque personne .Une femme distribue et une autre la suit avec de l’eau pour obliger celle ou celui qui a pris sa part à se laver la main aussitôt.Si par mégarde quelqu’un efface ses mains avec un mouchoir , avec une pierre ou contre un mur, la pièce de la mariée sera infestée de bestioles qui bouffent sa laine et ses tapis. 
35/Elles lavent le seau de labsis, le remplissent de nouveau et la mariée et le jeune homme en aspergent l’assistance comme action de bon augure pour appeler la pluie. 
36/C’est alors qu’elles forment l’asga , un demi cercle autour de la mariée qui doit avoir la tête tournée vers l’Est : 
« ifoulki oujda3 nnoun
Our ikhsr wiyda nnoun ! 
Adar lqalb n skkar 
Afous aferdi wa atay 
Iswa oudm miyya 
Iswa oudlal aqndar 
Adar lqalb n skkar 
Afus aferdi w atay 
Ifoulki oujda. Nnoun 
Our ikhser wiyda nnoun » 
Votre poulain est beau, 
Votre bien n’est pas perdu. 
Le pied , un pain de sucre, 
La main, aferdi du thé(1) 
Le visage vaut cent,
Les cheveux valent un quintal . 
Le pied , un pain de sucre, 
La main aferdi du thé. 
Votre poulain est beau, 
Votre bien n’est pas perdu. 
(1) Par le passé, le thé se vendait au Maroc au kilogramme et le marchand le mettait dans du papier blanc qu’il roulait pour lui donner une forme cylindrique qui ressemble à un bras. 
37/Au moment où elles repartent à la maison : 
« gamd adar, mmasamt a tajda3ini 
Iswa outbir , iswa amane aylligh irda ! 
In kkigh , ikkit ounzar , kkin ijddign , dili ilqaghne » 
Avancez vos pieds , bougez ô pouliches ! 
La colombe a bu , elle a bu jusqu’à satisfaction ! 

38/Arrivée à la maison , on met à la mariée un enfant au dos dans un drap blanc et elle doit courir et entrer dans sa chambre la première.
Elle lui donne des fruits secs et de l'argent. 
39/Entretemps, au moment où elles sont allées au puits, la mère de la mariée a balayé la chambre et elle est allée jeter ces débris sous un figuier pour que sa fille soit comme cet arbre , féconde , donne des fruits et qu’elle ait de solides racines comme lui. 
40/Ensuite, elle est revenue et elle est restée garder la chambre de sa fille pour que d’autres femmes ne viennent pas lui jeter un mauvais sort. 

41/Une fois dans la chambre la mariée doit danser la première avec son mari et ils doivent faire des va-et-vient en permutant leur place toujours aux pas de danse, tandis que les femmes chantent : 

A Moulay ! A Moulay ! tbrak Allah 3la Moulati ! 

O Seigneur ! Ô Seigneur ! La Baraka d’Allah sur la Dame ! 
Seul son mari a le droit de danser avec elle.Et ce refrain n’est chanté que pour eux seuls. 
42/A la fin de cette cérémonie, les femmes chantent : 
« ssafdat agh a mdn zilnine , ayt matn a koullou nga,
Ifln tarwa mzzinine , nfln tisitan our zzignine ! » Renvoyz-nous, ô gens de bien, nous sommes tous des frères,
Nous avons laissé des petits et des vaches sans traite .
C’est un bon signe. L’heureux marié ne quitte plus sa jeune épouse. 
Extrait de mon roman historique« Le cheval, la flûte et la plume »,Mohammed Hifad,Edilivre, Paris, 11 décembre 2015






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