décembre 22, 2020

MAROC CENTRAL , Poésie de la résistance (2)




AZLAG PLUS 
Moha Moukhlis


Ces vers de poésie amazighe du Maroc central ont été composé par les résistants lors des opérations menées par la France au début du XX ème siècle. Ils constituent des documents authentiques, des témoignages édifiants sur un pan de notre histoire nationale peu étudié. Ces vers sont des moyens d’accès à notre mémoire collective, celle d’une résistance acharnée, souvent suicidaire, face à la machine de guerre coloniale. Les auteurs (aèdes) sont anonymes. Nous offrons à nos lecteurs un florilège de vers poétiques qui le renseignent sur les lieux et bourgades conquis, l’attitude des résistants et sur un ensemble de faits et d’informations pouvant l’aider à « relire » ou « reconstituer » un pan de notre histoire peu connu.

Après avoir « pacifié » la région de Tounfit et d’Aghbala, le colonisateur se prépare à attaquer la zone d’Imilchil (Assif Melloul). L’aède le prévient et lui offre une image de ce qui l’attend face aux résistants de la confédération des Ayt Yafelman, particulièrement les Aît Hdiddou :

1- Unna mi ur tagh ighf, itturets ur tli likhra ahedda zeg digun

Ad ikker Wassif Melloul ad ihery idammen n warraw n Saligan
Celui qui n’est pas blessé à la tête sera atteint ailleurs. La mort ne se lacera de s’abattre sur vous (Chrétiens)
Et bientôt l’Assif Melloul coulera grossi su sang des Sénégalais.

Après la bataille, l’aède décrit la scène en mettant en relief la bravoure des résistants et dit :
2- Gan Aît Wassif Melloul tikkelt a imenghi n Ssuhaba

Lla ttemyamazn ifassen d lhekkwam ar d ttuttin g uhmadjou.
Les habitants de l’Assif Melloul ont combattu cette fois-ci, avec autant de courage que les Compagnons du Prophète
Ils se précipitaient dans le brasier du combat et y luttaient jusqu’au corps à corps avec les officiers.
Après la défaite due, essentiellement, aux armes sophistiquées utilisé par le colonisateur, l’aède 
témoigne de la supériorité de la machine de guerre coloniale et dit :

3- Tella ghuri taddwat izeryi tt id baba new

Allig d turu Lmehbula d tteyyara ur teqqimi ca n lâadda
J’ai un fusil à balles que j’ai hérité de mon père
Mais depuis que sont apparues mitrailleuses et avions, nos armes deviennent obsolètes.

4- Lla yi ikkat s nnfed s imi i ukhbu

Da yi ittali ugedrur ar d ur nedhir
Il me bombarde de ses canons jusqu’à l’entrée de nos grottes
Et la poussière soulevée m’enveloppe
Tettel d adu new a ttir is i tezlid
Da yi ikkat sbah iwwet tadeggwat
Tu fais mon malheur et me force à l’exil
O avion qui, soir et matin me bombarde.

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