décembre 10, 2016

MARRAKECH "Rajae Bent El Mellah", de la Mostra de Venise à vendeuse de cigarettes à Jamaâ El-Fna


نتيجة بحث الصور عن ‪hollywood ouarzazate‬‏




PORTRAIT - En 2003, Najat Bensalem, alors inconnue du public, se révélait au monde du cinéma. Ayant décroché le rôle principal dans "Raja", un long métrage franco-marocain où elle incarne une jeune Marocaine travaillant comme femme de ménage chez un riche Français, elle remporte le prix de la meilleure actrice au Festival international du film de Marrakech et le prix Marcello-Mastroianni à la Mostra de Venise la même année.

Tout semblait bien commencer pour cette jeune actrice native de Marrakech et à qui la vie n'a pas toujours souri. Originaire d'un milieu populaire, elle a été contrainte d'arrêter ses études très tôt afin de subvenir à ses besoins. D'ailleurs, le rôle qu'elle a incarné dans "Raja" lui ressemblait tellement qu'elle a été rebaptisée Raja Bent El Mellah, du nom du quartier où elle vivait, par le public.

Sauf que non. Son rêve de faire carrière dans le cinéma ne s'est pas réalisé. Après le succès, les paillettes et les trophées, Najat Bensalem, passionnée de cinéma et de théâtre, allait devoir revenir à sa vie d'avant.

Retour à la réalité

Elle revient donc à ses petits boulots précaires, retourne à l'anonymat, vend des cigarettes à l'unité et travaille au marché des légumes et des fruits. Pourtant, du talent et des rêves de retour devant les caméras, elle en a.

Mais le public l'a oubliée. Surtout qu'elle a joué pour un film indépendant qui n'a pas eu droit à sa sortie nationale au Maroc. "Je veux juste être actrice, même figurante, transporter du matériel de cinéma. Je veux gagner ma vie dignement. J'ai été amenée à vendre des cigarettes et travailler au marché parce que je veux des rentrées d'argent halal. Je ne veux pas qu'on dise de moi qu'on a vu une actrice marocaine dans un endroit indécent", raconte-t-elle à Ihata, dans une interview accordée début décembre.

Mais Najat Benssalem aura une seconde chance. En 2016 sort un documentaire narrant son chemin parsemé d'embûches. "Rajae Bent El Mellah", un documentaire réalisé par le cinéaste Abdelilah Jouahri lui vaut encore une fois un prix au Festival Harhoura Ciné Plage. Une nouvelle preuve de son talent, s'il en fallait encore une.

Humiliations en série

Après plusieurs années passées dans l'anonymat, à essayer de récupérer son badge chaque année au FIFM (qu'on lui refusait systématiquement à cause de sa précarité apparente, alors qu'il lui était dû, vu que l'ensemble des anciens gagnants sont invités d'office), Najat Bensalem a enfin pu fouler le tapis rouge cette année.

Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Vêtue d'un caftan rudimentaire rouge, un collant noir en dessous et un cherbil traditionnel aux pieds, Najat Bensalem fait face à la cruauté des internautes. Moquée pour son look, traitée de tous les noms, elle est blessée et semble regretter son retour sous le feu des projecteurs.

Najat s'effondre. Devant les caméras de plusieurs pure players, elle fond en larmes. "Les gens ne connaissent pas ta vie. Ils ne savent pas que tu as une fracture à la jambe, que tu dois vivre avec une tige en métal dans ton corps", confie-t-elle à Febrayer, les larmes coulant sur son visage, mais toujours digne.

"Rajae passe des jours entiers sans avoir de quoi manger"

En toute simplicité, elle confie ses maux. "J'ai quatorze clous dans la jambe. Il faisait froid. Je ne pouvais pas porter un caftan fendu sans me couvrir les jambes. J'ai des douleurs atroces", se justifie-t-elle, presque naïve, à ce public qui l'a répudiée.

"Au lieu de s'intéresser à ma vie difficile, on s'est restreint à mon apparence. Vous m'avez vu habillée comme ça sur le tapis rouge, mais vous ne savez certainement pas que Rajae peut passer des jours entiers sans avoir de quoi manger. Des fois, pour payer mon loyer, je vends mon téléphone. Il m'arrive de passer toute la nuit à vendre des clopes pour gagner 20 ou 30 dirhams. Chaque année, je voulais assister au festival, mais j'étais humiliée."

Mais toutes les mauvaises choses ont une fin, du moins pour l'instant. La cruauté des internautes lui vaut une exposition médiatique inattendue qui pourrait, peut-être, la faire découvrir à un réalisateur digne de signer son retour sur le devant de la scène.

Aussi, blessée par les commentaires des internautes, "Rajae Bent El Mellah" a, depuis, boycotté le tapis rouge... avant de recevoir la proposition d'une créatrice qui l'a relookée, lui permettant de revenir en toute beauté sur la tapis rouge jeudi 8 décembre.

http://www.huffpostmaghreb.com/


Aucun commentaire: